Enfin, la normalisation
Selon la Réserve fédérale elle-même, l’inflation est proche de son objectif de 2 %. Cela pourrait être durable, et on pourrait même voir cet objectif dépassé quelque temps – ce que la banque centrale tolérerait sans doute aisément. En effet, un déterminant assez robuste de l’inflation de moyen terme est ce qu’on appelle l’«output gap» (écart de production), c’est-à-dire l’écart entre le PIB effectif et le PIB potentiel. Cet écart est devenu très négatif avec la grande récession, et la croissance depuis lors ne l’a comblé que lentement. Mais elle l’a comblé : même plus terne que dans le passé, la croissance effective a été supérieure à celle du potentiel, limitée par la démographie et la productivité. Mais aujourd’hui, cet output gap est pratiquement nul. Un des signes les plus flagrants en est que le taux de chômage est désormais très bas, ce qui signifie qu’on est pratiquement au plein-emploi. Le lien avec l’inflation ? En plein-emploi, les salariés obtiennent plus facilement des hausses de salaires ; si l’économie tourne à plein, il est plus facile, il est peut-être même nécessaire pour les entreprises d’augmenter leurs prix. On voit d’ailleurs, depuis plusieurs mois, les salaires, comme tous les indicateurs d’inflation (prix à la consommation ou déflateurs, avec ou sans l’alimentation et l’énergie, indice médian, et l’on en passe), accélérer légèrement mais régulièrement. Si une relance budgétaire s’ajoute à cela, gageons qu’on verra l’inflation (enfin) normalisée, permettant à la Réserve fédérale de normaliser (enfin) sa politique.