Et si la Fed baissait ses taux en 2019 ?
Selon toute vraisemblance, le 19 décembre, la banque centrale américaine va, pour la quatrième fois cette année, relever ses taux Fed Funds de 0,25 %, à 2,25 %-2,50 %. Cependant, dans ses dernières déclarations, Jerome Powell, président de la Fed, mentionne que le niveau des taux directeurs s’approche de la neutralité, c’est-à-dire d’un palier auquel la politique monétaire n’est ni restrictive, ni accommodante. Cette modération ouvre une perspective de relèvements des taux plus limités pour 2019.
Dans un contexte où l’économie mondiale ralentit, l’économie américaine n’est plus en mesure d’accélérer, malgré le stimulus fiscal. Un ralentissement cyclique marqué pourrait se mettre en place, comme le prouvent certains indicateurs avancés. Contributeur majeur à la croissance, le consommateur américain perd en outre confiance, car il voit son pouvoir d’achat amputé par la mise en place de droits de douane sur les produits importés. De surcroît, ces droits remettent en cause certains modèles de délocalisation très lucratifs. La chute du S&P 500 de plus de 8 % depuis son plus haut niveau traduit l’inquiétude grandissante des investisseurs quant à la pérennité des profits. S’y ajoute la hausse du coût de refinancement des entreprises qui dépasse aujourd’hui 4 % en moyenne. Sur les taux d’intérêt à long terme, le début d’inversion (de la partie deux à cinq ans) de la courbe des obligations d’Etat constitue le signal d’une possible récession à l’horizon d’un ou deux ans.
Le changement de ton de Jerome Powell montre qu’il a parfaitement pris conscience de ce risque de spirale négative. Si elle s’enclenchait, une baisse des taux directeurs serait certainement mise à l’ordre du jour.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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