Fed : ne pas s’inquiéter de la hausse des taux

Publié le 30 octobre 2015 à 17h17    Mis à jour le 5 novembre 2015 à 9h53

Patrick Artus

Même s’il n’y a pas de certitude, il est très probable que la Réserve fédérale remonte ses taux d’intérêt directeurs à partir de décembre. Beaucoup s’en inquiètent. Plusieurs raisons incitent à se montrer moins pessimiste.

D’abord, avec une croissance 2016 qui s’annonce modeste, seulement légèrement supérieure à 2 %, et une inflation restant inférieure à l’objectif de 2 %, la hausse des taux d’intérêt de la Fed ne peut être que lente, et conduisant à un taux d’intérêt maximum faible, probablement autour de 2,50 % dans deux ans.

Deuxièmement, elle devrait entraîner une hausse très faible des taux à long terme. Compte tenu du lien historique entre taux d’intérêt à court terme et à long terme, le taux d’intérêt à dix ans sur les Treasuries devrait monter très peu, d’un peu plus de 2 % aujourd’hui jusqu’à une fourchette de 2,50-2,75 %. Cela est une bonne nouvelle pour les emprunteurs en dollars, en particulier dans les pays émergents. La dette en dollars en dehors des Etats-Unis atteint 13 000 milliards de dollars, mais une partie très importante est à long terme, très peu affectée donc par les hausses des taux.

Troisièmement, la liquidité va rester extrêmement abondante aux Etats-Unis. La base monétaire est voisine de 4 600 milliards de dollars ; les réserves excédentaires des banques auprès de la Réserve fédérale sont supérieures à 2 500 milliards de dollars. Même si la Fed doit réduire la base monétaire de quelques centaines de milliards de dollars pour augmenter ses taux directeurs, la liquidité excédentaire restera considérable.

Tous ces éléments incitent à ne pas s’inquiéter du passage à une politique monétaire moins expansionniste aux Etats-Unis.

Patrick Artus Membre du Cercle des Economistes

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.

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