Il nous tarde à tous
Il nous tarde à tous : c’est ce que Mme Yellen a dit en parlant du premier relèvement de taux par la Réserve fédérale, qui, selon elle, portera témoignage du progrès fait dans la sortie de crise.
Les déclarations en ce sens se multiplient, venant certes, comme on pouvait s’y attendre, des «faucons» habituels, mais aussi, ce qui est plus inattendu et en tout cas plus récent, des «colombes» elles-mêmes. Les plus modérées de ces colombes, comme M. Williams (San Francisco), jugent qu’il faut désormais relever le taux car il convient de raisonner non pas en fonction de l’état présent de l’économie, mais de son état futur, compte tenu des délais d’action «longs et variables», pour reprendre la formule de Milton Friedman ; car il y a, de plus, des risques de déséquilibres à garder les taux trop bas trop longtemps ; car enfin, commencer plus tôt permettra de remonter graduellement.
Même les plus réticents à une hausse, comme M. Evans (Chicago), rappellent que la date du premier relèvement importe moins que le rythme de hausse futur, qui devra être très modéré et annoncé comme tel. C’est vers cela qu’on s’achemine : sauf énorme surprise, les statistiques d’emploi encourageantes publiées le 4 décembre montrent que les progrès vers le plein-emploi continuent. En même temps, de plus en plus d’études, venant des banques centrales ou d’universitaires, tendent à montrer que le taux neutre a beaucoup baissé avec la crise. Une première hausse du taux des fonds fédéraux le 16 décembre, puis une hausse tous les trimestres, semble aujourd’hui l’issue la plus probable.