Italie : un accord avec la Commission résoudrait-il le sujet ?
Après avoir adopté une attitude bravache en présentant à la Commission européenne une deuxième version de son budget quasi identique à la première, le gouvernement italien a récemment choisi de négocier et semble prêt à abaisser son objectif de déficit pour tenter d’éviter l’ouverture d’une procédure pour déficit excessif.
Ce revirement s’explique sans doute par l’échec d’une émission d’obligations d’Etat réservée aux ménages italiens, ce qui a montré au gouvernement qu’il sera compliqué de s’affranchir de la pression du spread (écart par rapport au taux sans risque), et par les chiffres de croissance du troisième trimestre, qui montrent déjà une contraction de l’activité, notamment dans l’investissement.
Le gouvernement de Giuseppe Conte semble donc prêt à ramener l’objectif de déficit vers 2 %. Cela reste loin de ce que la Commission européenne souhaiterait, mais ce premier geste pourrait suffire, à en juger par certains propos prêtés à Jean-Claude Juncker le 25 novembre. Un apaisement semble donc possible.
Mais même si c’est le cas, il ne faudra pas pour autant considérer le dossier italien comme définitivement résolu… La dette publique du pays va rester très élevée, à plus de 130 % du PIB. Le prochain retournement cyclique verra-t-il une remise en cause de sa soutenabilité ? Au-delà de la politique budgétaire, le fond du problème italien reste le très faible niveau de croissance potentielle du pays, du fait d’une démographie vieillissante et d’une croissance de la productivité très faible.
Julien-Pierre Nouen est directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Freres Gestion
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