Quel sera le comportement des employeurs lors des prochains mois ?

Publié le 16 mai 2024 à 10h51

Julien-Pierre Nouen    Temps de lecture 2 minutes

L’une des évolutions surprenantes de la période récente est qu’une quasi-stagnation de l’activité économique dans la zone euro pendant dix-huit mois ne s’est accompagnée d’aucune remontée du taux de chômage et même d’un rythme assez fort de créations d’emplois. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que la zone euro n’a pas basculé en récession, le maintien d’une croissance de l’emploi compensant la pression inflationniste sur le pouvoir d’achat des ménages.

En effet, marquées sans doute par le marché du travail extrêmement tendu suite au Covid, les entreprises ont continué d’embaucher et semblent avoir préféré conserver des effectifs sous-employés plutôt que de les licencier, craignant de ne pouvoir retrouver les bons employés. Les économistes de la Commission européenne ont construit un indicateur sur la rétention de main-d’œuvre par les entreprises à partir des enquêtes existantes auprès de celles-ci. Concrètement, lorsque les entreprises anticipent une activité plus faible, mais un emploi stable ou en croissance, c’est qu’elles pratiquent de la rétention de main-d’œuvre.

Cet indicateur a atteint en 2022 des niveaux précédemment vus dans des phases de très faible croissance de la zone euro. La différence est que lors de ces phases, après la hausse de la rétention de main-d’œuvre, les destructions d’emplois sont rapidement arrivées.

Si l’activité économique poursuit sur sa lancée du premier trimestre et se redresse, les entreprises vont donc probablement solliciter ces ressources déjà présentes avant d’envisager de nouvelles embauches, ce qui pourrait donc limiter l’accélération de la croissance par rapport aux sorties de récession. En revanche, si l’activité venait à ralentir, elles pourraient être amenées à ajuster finalement leurs effectifs, causant l’un des cercles vicieux pouvant générer une récession. Pour l’instant, le premier scénario semble le plus probable, mais il faudra rester vigilant.

Julien-Pierre Nouen Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée ,  Lazard Freres Gestion

Julien-Pierre Nouen est directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Freres Gestion

Du même auteur

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…