Janet Yellen : ce n’est pas à la politique monétaire d’assurer la stabilité financière
La poursuite simultanée des objectifs de stabilité financière et macroéconomique est une tâche compliquée pour les banques centrales. Pour Janet Yellen, on ne peut assigner à la seule politique monétaire l’objectif de stabilité financière. Pour preuve : le durcissement monétaire auquel il aurait fallu procéder pour empêcher la formation d’une bulle immobilière aux Etats-Unis dans les années 2000 aurait sans doute précipité la crise (hausse du chômage, dégradation de la situation financière des ménages avec l’augmentation des charges de la dette). De plus, il faut rappeler que la remontée des taux directeurs, à compter de 2004, n’avait pas permis d’éviter la formation d’un levier financier excessif dans le secteur bancaire jusqu’en 2007. C’est donc à la réglementation que revient le contrôle du levier.
Et les banquiers centraux européens sont sur la même ligne. La BoE vient récemment d’annoncer des mesures macroprudentielles visant à éviter un développement excessif du crédit immobilier. Et Mario Draghi a rappelé le 3 juillet les principaux objectifs de la BCE (restaurer le canal du crédit, endiguer les pressions déflationnistes), précisant que seules des mesures macroprudentielles peuvent assurer la stabilité financière. Que faut-il en conclure ? Les banques centrales n’entendent pas intervenir directement via la politique monétaire pour contrôler des excès de valorisation sur les actifs. Ce sont les objectifs macroéconomiques qui sont aujourd’hui prioritaires et ils ne sont toujours pas atteints. Il appartient donc aux investisseurs de bien mesurer les risques auxquels ils s’exposent en recherchant du rendement. La priorité pour les banques centrales est de s’assurer que les corrections de marchés ne menacent pas l’édifice financier.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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