L’épisode d’une inflation élevée s’achève. En zone euro, la hausse des prix revient dans un territoire plus habituel et la partie sous-jacente, encore forte, va se normaliser avec le ralentissement qui se profile sur le prix des services via l’inflexion attendue des salaires. La conséquence de la fin de cet épisode inflationniste est l’arrêt du durcissement de la politique monétaire. Une remontée supplémentaire des taux serait une erreur que ne fera pas Christine Lagarde.

La normalisation de la stratégie monétaire de la BCE va dès lors être fonction de trois critères. Le premier concerne la dynamique de la conjoncture. Le fort ralentissement de l’inflation devrait se traduire par une réduction du taux d’épargne. La demande des consommateurs en sera renforcée et la BCE ne sera pas dans l’urgence. De plus, la transition énergétique et le bouleversement de l’équilibre macro-politique global (avec la polarisation du monde) vont provoquer une transformation de l’appareil productif et engendrer une économie moins agile. Cela sera générateur d’un taux d’inflation plus fort que celui d’avant la pandémie. Enfin, la liquidité est désormais un instrument de politique monétaire pour la BCE, en plus des taux d’intérêt. L’équation sera donc plus complexe à lire dans la durée. A très court terme, la baisse de la liquidité pénalise la distribution du crédit et pourrait inciter la banque centrale à plus de souplesse. Cette dernière doit dorénavant inscrire sa stratégie monétaire dans une cadre plus hétérogène et plus complexe. Cela compliquera le travail des investisseurs, mais ravira les économistes.