La BCE face au dilemme du prisonnier
Parmi ses différents leviers de resserrement monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) a vraisemblablement atteint un palier en portant son taux de dépôt à 4 %. Il lui reste le défi de gérer l’énorme excédent de liquidités de plus de 5 trillions d’euros qu’elle a déjà commencé à réduire, avec la fin programmée du TLTRO et l’arrêt total des réinvestissements de l’APP. En ce qui concerne le PEPP, d’un encours de 1,7 trillion d’euros, la question de son attrition devra être débattue, car sans diminution du stock d’actifs, les liquidités pourraient rester excédentaires jusqu’en 2033. Grâce à sa flexibilité, le PEPP constitue un puissant outil de compression des spreads, en particulier pour les emprunts d’Etat des pays les plus endettés. Or, devant la perspective d’une fin anticipée des réinvestissements, les spreads des pays périphériques et les taux réels se sont, à nouveau, élargis. De surcroît, la répartition des liquidités excédentaires n’est pas homogène. Les banques des pays « cœur » disposent des montants les plus importants. Une réduction trop rapide de la taille du bilan de la BCE pourrait créer une onde de choc déstabilisante. Ainsi, la BCE est en plein dilemme, car son réel intérêt consiste à retrouver des marges de manœuvre pour faire face aux crises futures.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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