La capacité de production de l’industrie manufacturière en France : 106 aujourd’hui, comme au début de 1998
Le débat sur les causes de la stagnation de l’activité fait rage en France. Pour certains, c’est la dépression de la demande qui empêche que la croissance soit plus forte, et il faut d’urgence soutenir le pouvoir d’achat ; pour d’autres, c’est la déficience de l’offre qui restreint la production, en raison de l’insuffisance de la profitabilité des entreprises et de la rentabilité du capital.
En ce qui concerne l’industrie manufacturière, les chiffres livrent un message clair : la capacité de production de l’industrie manufacturière française était de 100 au début de 1994 ; de 106 au début de 1998 ; de 117 au début de 2002 ; de 115 à la fin de 2007 ; de 106 en juillet 2014. La capacité de production de l’industrie en France a donc progressé de 2 % par an environ de 1994 à 2002, a stagné de 2002 à 2007, a fortement reculé depuis 2007.
Il s’agit donc bien d’un problème d’offre : les entreprises industrielles françaises ont arrêté de développer leur capital productif au début des années 2000, bien avant la crise et bien avant que la demande intérieure ou extérieure s’affaiblisse. Tant que la capacité de production de l’industrie ne se redresse pas, il est impossible d’obtenir un redressement du commerce extérieur ou de l’emploi qualifié (de l’industrie et des services liés à l’industrie).
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
Du même auteur
Les avantages de la flexsécurité : une comparaison du Danemark et de la France
Le Danemark a fait depuis la fin des années 1990 le choix d’un modèle économique qui allie…
Comment la zone euro peut-elle investir suffisamment ?
Les pays de la zone euro sont confrontés à la nécessité d’accroître considérablement leur taux…