La Fed joue la prudence
La Réserve fédérale a donc temporisé, et la première hausse en près de sept ans du taux directeur interviendra sans doute seulement en septembre. Pourtant les conditions macroéconomiques auraient permis un relèvement dès maintenant : certes, tous les indicateurs n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant la crise, mais la croissance devrait se stabiliser autour de 2,5 %, le taux de chômage est retombé à 5,5 %, et, si l’inflation annuelle reste très faible en raison de la chute du prix du pétrole à l’automne, elle connaît une nette accélération depuis trois ou quatre mois. Si l’on se souvient – et Mme Yellen est la première à nous le rappeler – qu’il faut six à huit trimestres pour qu’un mouvement de taux fasse pleinement effet, on comprend que la présidente de la Réserve fédérale ait mentionné que, si l’on attendait d’avoir atteint les objectifs en termes d’emploi et de prix, il serait trop tard.
Si les liens d’avant-crise entre indicateurs économiques et taux étaient toujours valides, le taux des fonds fédéraux devrait se situer entre 3 et 4 % : on en est loin. La principale crainte ne devrait pas être de casser la reprise avec un taux à 0,50 %. Il s’agit plutôt de la crainte d’une réaction trop vive des marchés, comme en 1994, ou comme en 2013 quand la seule évocation d’une évidence (l’arrêt prochain des achats de titres par la banque centrale) avait agité les marchés. Plusieurs banquiers centraux ont signalé qu’il allait falloir s’habituer à plus de volatilité : c’est sans doute d’autant plus vrai que, si l’on en croit des chiffres qui circulaient récemment sur les marchés, le tiers des traders de Wall Street n’ont connu que le taux zéro !