La politique monétaire est le seul frein de la « machine économique »
L’articulation des politiques économiques est actuellement en « miroir » de celle en place dans la précédente décennie. Après la crise de la dette souveraine en Europe, la dette est devenue un « tabou » obligeant les politiques budgétaires à être restrictives. En devenant le seul outil pour relancer l’économie, la politique monétaire a alors outrepassé son rôle, et a été forcée de maintenir des conditions monétaires « sur-accommodantes ». Depuis la crise du Covid, le « logiciel » de la dette publique a changé : elle n’est plus forcément considérée comme un problème, mais peut même être la solution. Dès lors, les politiques budgétaires sont durablement en soutien, ce qui force la politique monétaire à contrebalancer par des conditions monétaires « sur-restrictives ».
Ainsi, ce nouveau policy-mix conduira à des politiques monétaires durablement restrictives. C’est pourquoi, sauf choc exogène majeur, les banques centrales ne baisseront pas les taux directeurs. Il faut même envisager d’autres hausses de taux, et ce d’autant plus qu’il y a des signes de stabilisation dans l’industrie et que le déstockage semble en voie d’achèvement. Plus encore, les marchés doivent désormais se préparer à des décisions sur le bilan des banques centrales. Même si le taux directeur et la gestion du bilan répondent à des objectifs différents, l’accélération du dégonflement du bilan peut constituer, le moment voulu, un compromis acceptable entre les « colombes » et les « faucons ».
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
Du même auteur
Récession or not récession ?
Les marchés financiers testent à nouveau l’hypothèse d’une récession aux États-Unis. Pour les…