La raison prendra-t-elle le dessus ?
Depuis son arrivée au pouvoir, Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres, est devenu maître en rhétorique anti-européenne. Sur la question migratoire, il persiste et signe mais sur le front budgétaire, il semble revenir à un ton moins offensif. Est-ce lié à la forte hausse des taux italiens, la mise sous surveillance de la note souveraine, l’attachement répété des Italiens à la monnaie unique ou l’influence du ministre de l’Economie Giovanni Tria ?
L’Italie fait face à une équation budgétaire compliquée : une dette à 132 % du PIB en 2017 et un programme de gouvernement ambitieux dont le coût est estimé entre 100 et 130 milliards d’euros par an, soit 6 à 7 % de PIB. Bien sûr, on évoque maintenant une mise en place graduelle et le report sine die de certaines mesures. Cependant, l’adoption d’un tiers du programme creuserait le déficit de 2 % par an, qui tutoierait ainsi les 3 % du PIB.
Toute la question est de savoir si le gouvernement prendra le risque de franchir la ligne rouge et de fâcher Bruxelles ou de décevoir ses électeurs si son programme est trop amputé. Il faut parier sur une accalmie : les institutions européennes ont des moyens de pression limités et ne souhaiteront pas afficher trop de rigidité à l’approche des élections européennes fin mai 2019. Le gouvernement italien a pour sa part intérêt à ne pas jeter de l’huile sur le feu alors que la BCE mettra fin à son Quantitative Easing (QE) en décembre 2018 et qu’il faudra trouver des investisseurs pour la dette italienne. Résultat le 15 octobre avec la présentation du budget 2019 à la Commission européenne !
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