Quelles perspectives pour la BCE après l’élection présidentielle américaine ?

Publié le 4 novembre 2024 à 12h24

Juliette Cohen    Temps de lecture 2 minutes

Les résultats de l’élection présidentielle américaine offrent les marges de manœuvre nécessaires au futur président Donald Trump pour mettre en œuvre les mesures phares de son programme économique : poursuite des baisses d’impôts, hausses massives des droits de douane avec la Chine en ligne de mire, politiques de dérégulation et renvoi des immigrés en situation irrégulière dans leurs pays.

Le caractère inflationniste de cet ensemble de mesures pour l’économie américaine a déjà eu un impact haussier significatif sur les taux longs américains et le dollar au cours des semaines précédant l’élection. Mais il s’est également accompagné d’une révision à la hausse du chemin de taux directeurs de la Fed. Le taux terminal des Fed Funds est désormais attendu par les marchés vers 3,60 %, soit près de 90 points de base au-dessus de ce qui était anticipé il y a tout juste deux mois.

Christine Lagarde, qui était interrogée en octobre sur l’impact d’une hausse des droits de douane américains sur l’inflation européenne, a estimé que la fragmentation du commerce international aurait avant tout un impact négatif pour la croissance européenne puis sur l’inflation et qu’elle pourrait conduire à un assouplissement monétaire supplémentaire de la part de la BCE.

En effet, les Etats-Unis constituent le premier pays de destination des exportations européennes avec près de 453 milliards d’euros d’exportations en 2023, soit 16 % des exportations de l’Union européenne. Pour certains pays ou secteurs, l’enjeu est encore plus prégnant. Dans une étude récente, l’institut de recherche IFO estimait que les exportations allemandes vers les Etats-Unis pourraient baisser de 15 % si les hausses des droits de douane étaient réalisées conformément au projet annoncé.

Dans ce contexte, le chemin de taux de la BCE a été revu à la baisse post-élection présidentielle américaine. Le taux de dépôt, actuellement à 3,25 %, est attendu en dessous des 2 % à horizon fin 2025. Les banques centrales, qui avaient été largement coordonnées dans leur mouvement de resserrement monétaire de 2022-2023 puis dans l’assouplissement initié en 2024, pourraient connaître des chemins plus différenciés dans les mois qui viennent. Les marchés obligataires européens devraient continuer de surperformer leurs homologues américains.

Juliette Cohen Stratégiste ,  CPR Asset Management

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