La stabilité des prix, horizon indépassable de notre temps ?
Comme chaque année, le chancelier de l’Echiquier a précisé l’interprétation qu’il fait du mandat de la Banque d’Angleterre. La loi lui donne toujours un objectif prioritaire de stabilité des prix, et, sous cette contrainte, le soutien à la politique du gouvernement, notamment pour l’emploi et la croissance. La stabilité des prix est toujours défi nie comme une hausse de 2 % des prix à la consommation. La nouveauté de la dernière lettre adressée par le chancelier au gouverneur réside dans les commentaires. La lettre de mission évoque, comme les années précédentes, les chocs qui peuvent conduire l’inflation à s’écarter de l’objectif, sauf à entraîner une trop grande volatilité de la production.
Mais alors que n’étaient évoquées que des conséquences de court terme, le chancelier évoque désormais des circonstances exceptionnelles qui peuvent entraîner des écarts durables à l’objectif, mentionne aussi le risque que la poursuite de l’objectif d’inflation entraîne de l’instabilité financière, et utilise un mot qui était devenu tabou dans toute formulation de politique monétaire depuis des décennies : «arbitrage». Non pas entre chômage et inflation, il est vrai, mais malgré tout entre inflation et variabilité de la production. Il est même écrit que dans certaines circonstances, le comité de politique monétaire pourra souhaiter laisser l’inflation s’écarter de l’objectif. Après l’asymétrie temporaire au profit de l’emploi que supposent les dernières décisions de la Réserve fédérale, assisterait-on au début de la disparition du primat exclusif de la stabilité des prix dans le mandat des banques centrales ?