Le CBAM pourrait-il passer à la trappe si Donald Trump est élu ?

Publié le 19 juillet 2024 à 15h08

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (Carbon Border Adjustment Mechanism, CBAM) sera-t-il une source de contentieux entre les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) si Trump est élu ?

Cette législation européenne, qui entrera en vigueur en 2026, permettra de taxer les produits à forte empreinte carbone importés par l’UE (acier, ciment, engrais, aluminium, électricité, etc.). Les prises de position passées de J.D. Vance sur les questions climatiques, dans la même veine que celles de D. Trump, n’augurent évidemment rien de bon en matière de coopération avec l’UE.

Toutefois, l’avenir du CBAM n’est pas encore gravé dans le marbre. Le mécanisme comporte un certain nombre de clauses de révision qui peuvent permettre de le remodeler si besoin. En outre, plusieurs études montrent que les entreprises américaines pourraient être gagnantes.

En 2022, on comptait 350 milliards de dollars d’exportations américaines vers l’UE. Et seulement 1,1 % (4 milliards) entrent dans les catégories ciblées par le CBAM. En revanche, la Chine, premier partenaire commercial de l’UE, exporte près de cinq fois plus de biens ciblés par le CBAM. Une analyse rapide, appliquant une taxe CBAM prévue de 120 $/tonne d’émissions de carbone aux importations de l’UE, suggère que les importations chinoises seront touchées environ 11 fois plus que les importations américaines. Les Etats-Unis pourraient ainsi gagner en compétitivité sur le marché européen et supplanter les importations de la Chine et d’autres concurrents commerciaux. On ne peut donc pas exclure la possibilité qu’une administration « Trump 2 » s’entende avec l’Europe pour contrer la Chine !

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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