Le concept de taux naturel réapparaît
Le monde feutré des banquiers centraux bruit depuis quelque temps de savantes discussions sur le taux d’intérêt naturel. On entend par taux naturel le taux d’intérêt (réel) qui, avec pleine utilisation des ressources de production, maintiendrait la croissance à son potentiel et l’inflation à son objectif. On voit aisément qu’il n’est pas directement observable, mais on voit tout aussi aisément que pouvoir l’estimer est très utile à la conduite de la politique monétaire. Ainsi, la « règle de Taylor », qui a longtemps servi de guide officieux à la détermination du « bon » taux directeur, supposait l’estimation d’un taux naturel. La crise a obligé à des politiques non traditionnelles (achats de titres, guidage prospectif) et parfois à des taux négatifs.
La Réserve fédérale songe à relever le taux directeur, mais jusqu’où ? Voilà le taux naturel qui réapparaît… Il n’est pas observable, on l’a dit, mais toutes les estimations, quels que soient les hypothèses, les modèles, les calculs, le donnent en forte baisse. Il est resté longtemps proche de la croissance potentielle, mais celle-ci, en raison du vieillissement de la population et surtout du ralentissement de la productivité, a fortement baissé. Qui plus est, le taux naturel s’est éloigné de la croissance potentielle, possiblement à cause d’en excès mondial d’épargne. Aujourd’hui, pour les Etats-Unis, les estimations sont proches de 0 %. Mais en termes réels ! En termes nominaux, on est plutôt à 1 % ou 2 %, selon le déflateur qu’on utilise : il ne faudra pas monter le taux des fonds fédéraux très haut, mais il faut le monter bientôt.