Le prochain Parlement européen pourra-t-il s’entendre sur la dette commune ?
Le Parlement européen a voté récemment en faveur des nouvelles règles budgétaires. Ces dernières seront effectives à partir du 1 janvier 2025. Bonne nouvelle, les dépenses d’investissement et les réformes sont encouragées, tandis que les gouvernements sont davantage responsabilisés sur la stratégie à suivre.
Autre bonne nouvelle, les Européens prennent enfin le taureau par les cornes : le rapport Noyer préconise un approfondissement de l’Union des marchés des capitaux. Créer des produits d’épargne à long terme attractifs sur le plan fiscal encouragerait les ménages européens à débloquer une partie de leur épargne (estimée à plus de 35 000 milliards au sein de l’UE) pour financer des investissements européens.
Mais cela sera-t-il suffisant ? On peut en douter. Les besoins d’investissement pour financer les transitions verte et numérique d’ici 2030 sont estimés à quelque 1 000 milliards d’euros par an. A cela s’ajoutent les besoins croissants en matière de défense. Or la contrainte budgétaire bridera les Etats surendettés. Et l’inertie bien connue des ménages en matière de comportement d’épargne doit inciter à la prudence sur les montants qui sont mobilisables. Il faudrait compléter l’architecture budgétaire par un nouveau programme d’investissements financés à l’échelle de l’UE. Au Parlement européen, les conservateurs sont aujourd’hui opposés à contracter une nouvelle dette commune. Dans quelle mesure les élections de juin peuvent-elles changer la donne ? Evidemment, nul ne le sait encore. Mais il n’est pas impossible que des partis d’obédiences très différentes s’accordent pour financer conjointement des besoins liés à la défense du continent.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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