Le risque de fragmentation en zone euro
Nous sommes entrés dans un monde inconnu de beaucoup. Une inflation élevée et persistante combinée à des banques centrales qui forcent le pas pour normaliser leurs politiques monétaires. En zone euro, la confrontation à cette nouvelle réalité pourrait s’avérer plus difficile qu’ailleurs.
Cette difficulté s’est dangereusement manifestée, après les annonces de la BCE du 9 juin, par une forte hausse des taux sur toutes les maturités et pour tous les pays de la zone. Mais surtout par une poussée de fièvre sur les taux des dettes des pays de la périphérie, et en particulier de l’Italie, dont le différentiel avec l’Allemagne a augmenté de 40 points de base entre le 8 et le 14 juin, le marché y voyant le risque que le resserrement monétaire fragilise la soutenabilité des dettes publiques, bien que les taux d’intérêt demeurent faibles au regard de l’inflation.
Constatant ce danger, la BCE a apaisé les tensions en annonçant le 16 juin qu’un dispositif était à l’étude pour contrer la méfiance du marché. Néanmoins, il ne sera pas simple de mettre en place un instrument crédible pour calmer tout mouvement spéculatif contre les pays périphériques tout en resserrant la politique monétaire. Et réinvestir les tombées de titres du stock d’actifs accumulés par la BCE, essentiellement sur les pays de la périphérie, pourrait ne pas être suffisant, au-delà des difficultés légales d’une telle démarche.
Pour autant, une solution convaincante devra être trouvée pour que la transmission du resserrement de la politique monétaire à venir se fasse de manière ordonnée au sein de la zone, en évitant de créer des fragilités financières malvenues.
Sebastian Paris Horvitz est directeur de la recherche chez LBP AM
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