Le rôle central de la politique monétaire du Japon
Depuis le début de 2013, les marchés financiers se sont fortement inquiétés de la possibilité d’une contraction de la liquidité mondiale avec l’arrêt du Quantitative Easing aux Etats-Unis. Or celui-ci n’a pas provoqué les effets attendus.La raison se trouve dans la politique monétaire du Japon. A partir du début de 2013, le Japon décide de passer au Quantitative Easing, avec des achats de titres publics par la Banque centrale augmentant la quantité de monnaie (de Banque centrale) de 70 trillions de yens par an ; cette augmentation annuelle de la liquidité a été montée à 80 trillions de yens en octobre 2014, empêchant la liquidité mondiale de ralentir.Dans le même temps, les banques et les investisseurs institutionnels au Japon ont commencé à diversifier internationalement leurs portefeuilles, en devises étrangères ; ce qui soutient les marchés d’actifs dans l’ensemble du monde.Toutefois, les investisseurs américains ont une exposition aux pays émergents beaucoup plus importante que ceux japonais. Le passage de la création monétaire des Etats-Unis au Japon réduit donc les flux de capitaux vers les pays émergents au profit des pays de l’OCDE, vers lesquels les investisseurs japonais se diversifient. La nouvelle structure de création de liquidité est donc plus favorable aux Etats-Unis et à l’Europe et moins favorable aux pays émergents que la précédente.
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
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