Le temps des «cagnottes budgétaires»

Publié le 10 juin 2016 à 15h43    Mis à jour le 16 juin 2016 à 10h39

Christophe Morel

L’état d’esprit des décideurs politiques a évolué sur le rôle de la politique budgétaire. Au fur et à mesure des déceptions sur la croissance, le FMI, puis le G7 et plus récemment la Commission européenne ont reconnu la nécessité de recourir à une politique budgétaire pro-croissance.

Au-delà des mots, ce changement d’état d’esprit se traduit désormais dans les faits. Au Japon, la hausse de la TVA prévue initialement en avril 2017 est reportée à octobre 2019. En zone euro, la politique monétaire de la BCE diminue le taux d’intérêt implicite de la dette et génère de fait des «cagnottes budgétaires» qui seront en partie réinjectées.

Dans le cas français, la baisse des taux aurait contribué pour moitié à la surprise positive du chiffre de déficit budgétaire de 2015 (publié à 3,5 % au lieu des 3,8 % prévus). Avec la baisse des taux de marché, le coût de la dette va encore plus fortement diminuer et générer d’autres «cagnottes budgétaires». Nos simulations montrent que la baisse des taux apparents liée à la politique monétaire non conventionnelle atténuerait le déficit budgétaire français de 0,3 % en 2016 et 0,5 % en 2017. Mais si l’on regarde attentivement les chiffres de la Commission européenne, le déficit budgétaire hors intérêt devrait pourtant se dégrader de 0,3 % en 2017. Ainsi, on profiterait de cette «cagnotte» pour en réinjecter une partie dans l’économie.

Sans doute ne résout-on pas le problème de l’endettement public. Mais il est pour le moment plus opportun que la politique budgétaire contribue à consolider la reprise.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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