La croissance est restée soutenue aux Etats-Unis au troisième trimestre 2023 malgré le plus important resserrement monétaire de la Fed depuis plus de quarante ans. Une résistance d’autant plus impressionnante que la plupart des observateurs s’attendaient à ce que le resserrement de la Fed provoque une récession en 2023. Les modèles économétriques des banques centrales concluent généralement que les effets des changements de taux directeurs se font sentir sur l’économie avec un retard de douze à dix-huit mois. Il semble que ces effets pourraient mettre encore plus de temps à se faire sentir dans ce cas précis, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il faut rappeler que l’assouplissement monétaire de 2020-2021 lié à la crise du Covid a conduit à une vague de refinancements des crédits immobiliers des ménages très importante par son ampleur et sa durée. Il a également renforcé la valeur du patrimoine financier des ménages. Ensuite, le durcissement monétaire a été contrecarré par une politique budgétaire qui a été très expansionniste au cours de ces dernières années, avec trois plans de soutien à l’investissement portant sur plus de 1 200 milliards de dollars. Enfin, les ménages américains ont accumulé près de 2 100 milliards de dollars d’épargne supplémentaire pendant la pandémie. Cet excès d’épargne a fondu puisqu’il n’en restait environ que 500 milliards en juillet 2023 et il a permis aux ménages de maintenir une consommation supérieure à ce que leurs revenus leur auraient permis de réaliser. En zone euro, ces facteurs de soutien à l’activité ont été bien moins puissants et le ralentissement de la croissance a été très net en 2023, certains pays connaissant même une contraction de leur PIB. Aux Etats-Unis, un certain nombre de soutiens à la croissance vont progressivement disparaître fin 2023-début 2024 et pourraient conduire à une inflexion de tendance.