ANALYSE
L’élection présidentielle met les OAT sous tension
Le résultat du premier tour est ressorti conforme aux attentes du marché obligataire. L’avance d’Emmanuel Macron a provoqué un resserrement de l’écart de rendement à 10 ans entre l’OAT et le Bund de 55 à 49 points de base (bps). Il fait suite à un élargissement préélectoral de 15 bps, finalement très limité, comparé à 2017 où l’écart s’était accru de 55 bps. Il est manifeste que la plateforme politique actuelle du RN semble moins préoccupante pour les marchés qu’elle ne l’était à l’époque. Cependant, si Marine Le Pen réussit le débat télévisé du 20 avril, ouvrant la possibilité d’une victoire, l’écart de rendement de l’OAT contre Bund pourrait alors s’envoler à près de 80 pbs. De plus, une contagion aux autres pays de la zone euro apparaît comme inévitable, au vu des conséquences à l’échelle européenne d’un gouvernement de la France dirigé par Marine Le Pen. Il est peu probable que les rendements du Bund baissent en contrepartie, car l’environnement actuel d’une inflation élevée incite la Banque centrale européenne (BCE) à stopper au plus vite ses achats, puis à relever ses taux directeurs. Ainsi, dans le cas où Emmanuel Macron l’emporte, la prime de risque sur l’OAT se dégonflera, mais la tendance haussière et généralisée des taux d’intérêt va persister.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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