Lors de la réunion de jeudi prochain, les banquiers centraux européens seront face à un vrai dilemme. L’inflation ne baisse pas aussi vite qu’attendu, avec notamment le prix du secteur des services qui fait de la résistance en continuant de monter. Jay Powell a dit être très attentif à cet indicateur, pour les Etats-Unis, car il traduit les effets de transmission des tensions salariales. Celles-ci n’apparaissent pas excessives en Europe mais continuent de peser. De ce fait, la BCE aurait plutôt un biais haussier.

Les indicateurs d’activité, en revanche, s’étiolent. Le PIB du deuxième trimestre a été révisé à la baisse et les enquêtes auprès des entreprises sont pessimistes. Dans sa dernière note, l’Insee mentionne des chiffres de croissance légèrement positifs sur la fin de l’année, mais c’est l’épaisseur du trait. Le point qui paraît le plus préoccupant est le repli des indicateurs d’emploi. Depuis la reprise de 2021, l’emploi a été abondant en Europe et n’était pas une source de préoccupation pour les ménages. Or, en août, les entreprises ont indiqué ne plus vouloir embaucher avec le même enthousiasme. Cela pourrait être une source d’incertitude pour les ménages et peser sur la conjoncture de court terme. Ces évolutions récentes de l’activité plaideraient plutôt pour le statu quo de la BCE. Le risque sur l’activité d’une politique monétaire restrictive a souvent été évoqué mais n’avait pas trouvé de support fort. Avec le changement d’allure des attentes sur l’emploi, la donne a peut-être changé.