Les banques centrales pilotent-elles à vue?
Sans doute, la nervosité des investisseurs traduit-elle une augmentation des incertitudes sur la croissance mondiale. Pourtant, ces inquiétudes peuvent être tempérées par la baisse du prix du pétrole et la détente des taux longs qui constitueront à terme des facteurs de soutien de la conjoncture. En fait, la volatilité sur les marchés d’actifs risqués s’explique pour une très grande partie par une incertitude «monétaire» : les banques centrales pilotent-elles à vue ?
Incontestablement, la BCE a fait preuve de volontarisme, mais elle n’a jamais suffisamment surpris pour reprendre la main et inverser la tendance baissière sur les anticipations d’inflation qui se sont, ensuite, inéluctablement détériorées : elles s’établissaient à pratiquement 1,70 % mi-octobre (pour le «5 ans dans 5 ans») contre 2,05 % début septembre. Le marché appelle un nouveau geste plus fort, et il finira probablement par l’obtenir. Dommage : la BCE a subi son destin au lieu de le décider.
La Fed aussi a soufflé le chaud et le froid, en partie en raison du risque européen. Mais, au-delà, le désaccord tend à augmenter entre d’un côté ceux qui pensent qu’il est urgent de ne rien faire, et ceux qui sont convaincus que l’issue d’une politique monétaire trop durablement accommodante est fatale. Ce désaccord grandissant combiné à un diagnostic de «valorisation tendue sur les actions» ne peut pas rassurer les investisseurs.
Tant que les banques centrales ne reprendront pas la main, l’incertitude monétaire alimentera l’incertitude financière.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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