Les charges sociales des entreprises : 11,5 % du PIB en France ; 7 % en moyenne dans les autres pays de la zone euro
On sait que le financement de la protection sociale repose en France beaucoup plus sur les cotisations sociales et moins sur les autres impôts que dans les autres pays de la zone euro. Les charges sociales des entreprises représentent en France 11,5 % du produit intérieur brut contre 7 % en moyenne dans les autres pays de la zone euro. De 2000 à aujourd’hui, le taux de profit des entreprises non financières, calculé en pourcentage du PIB, est passé en France de 10 % à 6,2 % ; dans l’industrie, le coût salarial unitaire depuis 2000 a augmenté de 20 % de plus que les prix de vente, ce qui explique l’effondrement des marges bénéficiaires de l’industrie française.
Si les cotisations sociales des entreprises françaises étaient ramenées au niveau de la zone euro, hors France, le taux de profit de l’ensemble des entreprises passerait à 10,7 %, au-dessus de son niveau en 2000 ; dans l’industrie, la moitié de la baisse des marges bénéficiaires observée depuis 2000 serait corrigée. On peut donc être fortement tenté de mettre en forme une réforme fiscale qui ramènerait les charges sociales des entreprises françaises au niveau européen. Mais il faut faire attention : ce qui précède n’est juste que si la baisse des charges des entreprises ne conduit pas à une hausse des salaires qui l’annulerait. On sait que les salaires hors charges en France sont plus faibles qu’en Allemagne dans une proportion qui compense l’écart des charges sociales.
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
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