Les charges sociales des entreprises : 12 % du produit intérieur brut en France ; à peine plus de 8 % dans la zone euro hors France
L’écart de pression fiscale entre la France et les autres pays de la zone euro vient, on le sait, essentiellement des cotisations sociales des entreprises, qui sont presque 4 points de produit intérieur brut (PIB) plus élevées en France que dans le reste de la zone euro (un peu moins de 12 % du PIB contre un peu plus de 8 % du PIB). Si on pouvait faire disparaître cet écart sans qu’aucune autre variable ne réagisse, on pourrait corriger presque la moitié de la baisse des marges bénéficiaires des entreprises françaises depuis le début des années 2000 et, probablement, créer plus d’un million d’emplois (chiffre obtenu en utilisant l’élasticité usuelle de l’emploi au coût du travail).
Mais, malheureusement, baisser de 4 points de PIB (80 milliards d’euros) les cotisations sociales des entreprises imposerait soit de baisser les dépenses publiques soit d’augmenter les autres impôts pour le même montant, d’où une dépression de la demande ; cela pourrait aussi conduire à terme à une hausse des salaires hors charges qui annulerait l’effet sur le coût du travail de la baisse des charges (c’est la «neutralité fiscale», qu’on a bien observée depuis dix ans en Allemagne). Il n’y a pas de moyen «magique» pour baisser le coût du travail.
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
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