Les déficits extérieurs des pays émergents en crise : de 4 % à 12 % du PIB

Publié le 21 février 2014 à 9h44    Mis à jour le 21 février 2014 à 18h45

Patrick Artus

Certains analystes ont été surpris par l’apparition à nouveau d’une crise de balance des paiements dans de grands pays émergents : Brésil, Turquie, Inde, Afrique du Sud, Indonésie. Les investisseurs devenant plus prudents, plus sensibles aux risques liés à ces pays, les flux de capitaux vers ces pays émergents ont considérablement faibli, en particulier les investisseurs dans les marchés d’actions de ces pays, d’où la forte dépréciation de leurs devises. Mais quelle est l’origine fondamentale du problème ? Ces pays montrent depuis le début des années 2010 un déficit extérieur (de leur balance courante) croissant : 4 % du produit intérieur brut au Brésil et en Indonésie, 6 % en Afrique du Sud, plus de 10 % en Inde et en Turquie.

Il n’est pas étonnant que, à un certain niveau de déficit extérieur, les investisseurs aient commencé à s’inquiéter et à arrêter leurs nouveaux investissements dans ces pays. Le problème fondamental est un déséquilibre macroéconomique massif : alors que les productions industrielles de ces cinq pays émergents stagnaient avec l’insuffisance des ressources en emplois qualifiés, de la production d’électricité, des infrastructures de transport, la demande intérieure était stimulée par des politiques monétaires très expansionnistes et la croissance du crédit (15 à 20 % par an dans tous ces pays), d’où l’exposition des déficits extérieurs.  

Patrick Artus Membre du Cercle des Economistes

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.

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