Les taux à l’heure du Brexit
«Ces vieux Anglais, ça garde un fond de malice.» C’est Balzac qui met cette phrase dans la bouche d’un des personnages de Splendeurs et misères des courtisanes : sinon, on n’oserait pas le dire. Pourtant il faut reconnaître que nos voisins d’outre-Manche nous surprennent : on ne s’attendait guère au vote en faveur du Brexit il y a un an, ni à ce que les Conservateurs perdent la majorité au Parlement il y a quinze jours.
Les prochaines années ne vont pas être faciles : la livre s’est dépréciée, d’où un regain d’inflation qui, dans un contexte de modération des salaires, a freiné la consommation et donc l’activité. Voilà qui soumet la Banque d’Angleterre à un dilemme : maintenir le taux directeur à son niveau historiquement bas de 0,25 %, afin d’éviter de peser sur la croissance, ou bien le relever pour freiner l’inflation, qui, à 2,9 %, dépasse l’objectif de 2 % ?
Pour l’instant, la banque centrale a choisi le statu quo, mais, le 15 juin, trois des huit membres du Comité de politique monétaire ont voté pour un relèvement de taux. De plus, le communiqué publié à cette occasion évoque la possibilité d’arbitrage entre rapidité du relèvement de taux et volatilité de l’emploi et de l’activité. La Réserve fédérale et la BCE vont bientôt elles aussi songer à normaliser leur politique, mais sans autant de circonstances exceptionnelles. C’est que, maintenant, le Royaume-Uni va devoir négocier les modalités du Brexit, ce qui sera à coup sûr encore plus compliqué que la conduite de la politique monétaire.