L’excès du coût salarial unitaire par rapport aux concurrents les plus dangereux : 12 % en France, 14 % en Italie
La France et l’Italie ont à la fois un problème de compétitivité-coût et un problème de profitabilité des entreprises, les deux étant liés. La France et l’Italie produisent surtout des biens assez peu sophistiqués et ont un niveau de gamme moyen. De ce fait, les coûts salariaux dans les deux pays sont plus élevés que ceux des pays produisant au même niveau de gamme. Ceci correspond au problème de compétitivité-coût. Pour continuer à vendre, pour éviter de perdre trop de parts de marché, les entreprises françaises et italiennes doivent baisser leurs prix de vente pour les maintenir au voisinage de ceux des concurrents. Elles ne peuvent donc pas passer leurs coûts dans leurs prix, d’où le recul de leur profitabilité (la rentabilité du capital est de 7 % en France et en Italie, contre 10 à 14 % dans les autres pays de l’Union européenne ou de l’OCDE).
Nous essayons de mesurer de combien les coûts salariaux unitaires sont trop élevés en France et en Italie. Pour cela, nous utilisons la technique suivante : nous regardons vis-à-vis de quels pays la France et l’Italie ont un problème chronique de déficit extérieur, ou bien ont une balance commerciale qui se dégrade continûment. Ce sont normalement les pays qui «coûtent de la croissance» à la France et l’Italie donc vis-à-vis desquels la France et l’Italie ont un handicap de compétitivité.
Il s’agit de l’Allemagne, de la Belgique, des Pays-Bas, des Pays d’Europe centrale, de la Chine, de l’Afrique, des pays émergents d’Asie autres que la Chine, de l’Espagne. Quand on compare le coût salarial unitaire pondéré dans ces pays, en France et en Italie, on voit que le coût salarial unitaire est trop élevé de 12 % en France et de 14 % en Italie : ceci donne l’ampleur de la baisse des salaires ou de la hausse de la productivité qui seraient nécessaires dans ces deux pays.
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
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