L'inflation en trois questions
Le principal débat qui anime actuellement les marchés financiers est de savoir si l’inflation sera transitoire. Pour l’alimenter, nous suggérons de répondre à trois questions.
Les soutiens budgétaires sont-ils transitoires ? Face aux gigantesques besoins de financement des transitions environnementale, digitale et démographique (éducation, inégalités), les soutiens publics ont vocation à se prolonger. Par exemple, avant la crise, la Commission européenne estimait le retard d’investissement structurel en Europe sur 2021-2022 à 1 800 milliards d’euros, dont la moitié dans l’environnement. Si les impulsions budgétaires sont durables, l’inflation peut donc persister.
La tolérance est-elle nulle vis-à-vis de l’inflation ? La préférence pour l’inflation comme levier de désendettement et la prépondérance des enjeux d’emploi et d’inégalités suggèrent que, collectivement, la tolérance n’est pas nulle. Tant qu’il y a une préférence collective pour avoir davantage d’inflation, celle-ci peut donc effectivement se prolonger.
Enfin, les banques centrales sont-elles totalement indépendantes et constituent-elles le rempart ultime face à l’inflation ? Les banques centrales sont crédibles dans la lutte contre la très forte inflation, mais elles retardent toujours les resserrements monétaires pour ne pas provoquer un retournement inapproprié de la conjoncture. Les banques centrales seront donc « en retard » dans la prévention de l’inflation.
Ces trois questions montrent que le risque d’une inflation persistante est probablement sous-estimé.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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