Nouveau régime
Compte tenu de l’incertitude ces dernières semaines avant le vote du Brexit, le statu quo décidé par le FOMC le 15 juin n’était pas une surprise. En revanche, la combinaison de prévisions presque inchangées et relativement optimistes d’une part et d’une baisse sensible des perspectives de taux directeurs d’autre part est surprenante : la cohérence est difficile à établir. Un des participants, James Bullard, président de la Réserve fédérale de Saint Louis, qu’on pourrait qualifier de «faucon» pragmatique, offre une piste de réflexion intéressante, même si elle n’est pas, pour l’instant du moins, celle de ses collègues. Pour lui, l’économie américaine ne peut plus se décrire comme convergeant systématiquement vers un régime de croissance stable autour duquel la conjoncture oscille. Bien plutôt, elle alternerait entre divers régimes ; on peut décrire chacun d’eux, mais pas prévoir le passage de l’un à l’autre. Le régime actuel pourrait être caractérisé par une croissance très faible de la productivité et par un niveau exceptionnellement bas des taux d’Etat, dû à une forte prime de liquidité ; ceci supposerait que le taux des fonds fédéraux ne soit relevé qu’une fois. Ce régime devrait durer jusqu’à la fin de 2018, et, au-delà, personne ne peut rien prédire. SI cette analyse s’avérait, ce serait lourd de conséquences à la fois en termes d’économie réelle, puisqu’on serait condamné à une faible croissance jusqu’à nouvel ordre (un retour à de forts gains de productivité serait une des clés d’un changement de régime), et en termes d’économie monétaire, puisque les taux resteraient indéfiniment bas.