Patience sans longueur de temps
Le FOMC l’a dit : il «peut être patient» pour commencer à normaliser la politique monétaire, cette formulation équivalant à la précédente, à savoir qu’il sera sans doute «approprié de maintenir le taux des fonds fédéraux à son niveau actuel pendant une durée considérable après la fin des achats de titres». Mais quelle est cette patience, quelle est cette durée considérable ? Il faut sans doute la compter en mois. La croissance de 5 % (annualisée) au troisième trimestre devrait être nettement supérieure à 3 % en 2015. Même s’il est vrai que le temps partiel subi est important et que beaucoup de gens sont sortis du marché du travail, le taux de chômage n’est plus que de 5,6 %. Certes, les salaires n’accélèrent pas, certes, l’inflation est basse – mais en partie à cause du pétrole, dont le prix ne baissera pas éternellement. Il faut se rappeler qu’un changement de taux directeur met entre 4 et 6 trimestres pour agir pleinement. En temps normal, son taux d’équilibre devrait être proche de la croissance nominale, donc plutôt 4 % que 0 %, taux appliqué depuis six ans dans des circonstances certes exceptionnelles. Si on le laisse trop bas trop longtemps face à un retour graduel à la normale, on court le risque d’un emballement de la croissance qui obligerait, un peu plus tard, à remonter les taux plus vite et plus haut que si on réagit à temps. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre une politique restrictive, mais de commencer à la rendre moins extraordinairement accommodante. C’est pourquoi un premier relèvement au milieu de cette année semble assez probable.