Pétrole : ne pas considérer que les mauvaises nouvelles
Sur le plan fondamental, la baisse du prix du pétrole constitue plutôt une bonne nouvelle. C’est une perte de recettes pour les exportateurs, mais un regain de revenus pour les importateurs, y compris pour les Etats-Unis qui restent importateurs nets. Cependant, ce choc de prix globalement positif ne sera pas perceptible tant que le prix du baril n’est pas stabilisé.
En fait, la mauvaise nouvelle n’est pas dans l’impact économique, mais dans les enchaînements financiers. Cette baisse du prix du pétrole provoque un écartement des spreads de crédit sur les valeurs américaines d’énergie qui pourrait se diffuser à d’autres segments du marché du crédit en raison de la faible liquidité. Une détérioration généralisée des conditions financières pèserait alors sur la croissance.
La faiblesse du prix du pétrole comprime également les anticipations d’inflation, ce qui rend la prise de décision de la Fed beaucoup plus compliquée. L’idée que la banque centrale américaine «n’aurait pas de plan» alimenterait alors la baisse des actions qui impacterait la croissance via un effet richesse négatif.
Enfin, cette baisse entretient la dépréciation des devises émergentes, celle du renminbi et l’idée d’une guerre des changes. Cela conduit surtout à une appréciation du dollar qui alimente l’incertitude des investisseurs sur la valeur nominale des actifs.
Le risque principal n’est donc pas le prix du pétrole en tant que tel, mais une détérioration supplémentaire des conditions financières. Il ne faut pas être complaisant… mais ne pas oublier non plus que les banques centrales restent un pare-feu face à ce risque.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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