Recherche désinflation désespérément
L’inflation sous-jacente peine à ralentir. Le repli des prix de l’énergie ne suffit pas à endiguer les pressions sur les prix dans les services. Les banquiers centraux, hier convaincus de la nature temporaire du choc subi, sont désormais préoccupés par la persistance des pressions inflationnistes.
Il faut raison garder, un choc persistant n’est pas un choc permanent. Les grandes économies n’ont pas pleinement digéré les deux grands chocs qu’ont été la pandémie et la crise énergétique. Les modèles économétriques, qui reproduisent peu ou prou les régularités du passé, sont encore à la peine. Ils ont largement sous-estimé l’an dernier l’envolée de l’inflation. Et aujourd’hui, ils ne permettent de rendre compte ni de la hausse des marges des entreprises, ni du repli de la productivité. Or ces deux facteurs sont en grande partie responsables des pressions inflationnistes actuelles. Certes, au fil du temps, les salariés réclament une compensation. Et avec un marché du travail tendu dans de nombreux secteurs, ils ont retrouvé un pouvoir de négociation : l’inflation salariale va donc persister encore un certain temps. En revanche, il n’y a pas de raison objective de voir la productivité demeurer aussi faible et les taux de marge aussi élevés. Le durcissement des conditions de crédit engendré par la normalisation monétaire finira par peser sur la demande, le marché du travail et les marges des entreprises.
Après avoir excessivement assoupli leur politique dans les années 2010, les banques centrales risquent désormais d’en faire trop en augmentant leurs taux d’intérêt de façon acharnée. Il sera toujours temps, plus tard, de les remonter davantage si besoin. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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