Stress tests : un anti-stress nécessaire mais pas suffisant pour libérer le crédit
Depuis plus de dix mois, les bilans (à fin 2013) de 130 banques européennes ont été radiographiés, puis mis en situation de choc. 25 banques ont échoué aux tests et présentent un déficit de capital agrégé de 24,5 milliards d’euros.
Très attendu, le résultat final ressort en ligne avec les anticipations, car les banques avaient, par avance, renforcé leurs fonds propres. Signés par la BCE, les stress tests sont jugés crédibles, non pas qu’ils soient extrêmes (les scénarios sont moins pessimistes que la crise de 2008), mais parce qu’ils établissent en toute transparence un classement des banques par ordre de résistance.
A la publication, les marchés ont réagi prudemment, observant qu’en plus des 25 échecs, 24 % des établissements «stressés» sont passés de justesse avec un ratio CET1 compris entre 5,5 % et 8 %. En effet, certaines banques s’exposent au risque souverain avec lequel elles maximisent leurs profits, grâce au portage. Les spreads des obligations bancaires se sont donc modestement resserrés. Les investisseurs se demandent comment, en cas de nouvelle crise, le futur Fonds de résolution unique, doté de seulement 55 milliards d’euros, fera face aux 20 000 milliards d’euros de total de bilan des banques européennes.
A l’issue de ces tests globalement positifs, les banques vont-elles prêter à nouveau ? Pour ce faire, il faut qu’il y ait une demande de crédit. Pour que celle-ci revienne, la zone euro doit retrouver le chemin d’une croissance compétitive. Gageons que la politique monétaire non conventionnelle de la BCE et le projet d’investissements de 300 milliards d’euros proposé par la Commission européenne constituent un stimulant décisif.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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