Un dollar balloté par les «Trumponomics»
Le dollar s’était renforcé à la suite de l’élection de Donald Trump. La tendance s’est soudainement retournée depuis son plus haut de janvier, le billet vert perdant 5 % par rapport au panier des principales devises. Les investisseurs doutent de la capacité du nouveau président à convaincre sa majorité de voter les textes de mise en œuvre de ses promesses de campagne. L’échec du projet de loi censé remplacer l’Obamacare a pesé sur le dollar, car les autres réformes, particulièrement prisées des marchés, seront certainement retardées. De plus, la politique monétaire prudente de la Fed diminue l’attractivité de la monnaie américaine. Ces événements sont favorables aux devises émergentes et la parité euro/dollar en profite pour revenir à 1,08, grâce à la remarquable santé de l’économie européenne, en dépit du Brexit. L’éventualité d’un relèvement du taux de dépôt de la BCE – aujourd’hui à - 0,40 % – avant la fin du QE prévue le 31 décembre fait remonter les rendements monétaires, qui anticipent maintenant un relèvement des taux de la BCE dès janvier 2018, avec pour corollaire un raffermissement de l’euro.
Ainsi, le dollar que l’on croyait capable de valoir plus d’un euro va être battu en brèche par le dégonflement de la «prime Trump» et par les banques centrales qui vont fermer (doucement) le robinet des liquidités.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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