Un pétrole (trop) cher ?
Les dernières enquêtes PMI, réalisées auprès des directeurs des achats, militent pour une croissance mondiale, actuellement, de seulement 1 %, contre 3 % en moyenne à long terme. La croissance ralentit depuis huit mois et les carnets de commandes se contractent, n’augurant pas un rebond rapide de l’activité. Dans ce contexte, les cours du pétrole peuvent paraître élevés : le Brent devrait être plus proche des 50 dollars que des 90 ! Certes, une « prime de risque » liée à la géopolitique s’est récemment installée. Mais un autre élément explique cette cherté : l’élasticité de la demande au prix. Historique, la sensibilité de la demande au prix du pétrole est nettement plus faible que pour d’autres postes de consommation, mais, sur les derniers mois, la demande a crû malgré le rebond des cours. Ainsi, les marchés n’ont regardé que les facteurs d’offre, les attentes sur la demande restant élevées malgré la hausse des cours. L’Opep + a gagné en crédibilité. Ce mouvement est-il durable ? Il peut s’expliquer par les « boucliers énergétiques » des Etats ou le rebond de la demande dans le secteur aérien (induisant une demande de kérosène insensible à la remontée des cours). Rien n’indique cependant que la faible sensibilité de la demande aux prix va se poursuivre. Malheureusement, un pétrole « cher » signifie aussi moins de croissance et plus d’inflation, et constitue un élément négatif pour nos perspectives pour 2024.
Christian Parisot est conseiller économique auprès du prestataire de services d'investissement Aurel BGC, dont il a été préalablement responsable de l’ensemble de la recherche, et Chef Economiste entre 2006 et 2021. Titulaire d’un diplôme universitaire, il a débuté en 1996 sa carrière d’économiste de marché à la Caisse Centrale des Banques Populaires (devenue ultérieurement Natixis) avant de rejoindre Aurel un an plus tard.
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