Une boucle « prix-coûts » s’est bien enclenchée
Les publications des résultats des entreprises cotées pour le premier trimestre devraient encore très largement dépasser les attentes des analystes. Aux Etats-Unis, le taux de surprises positives des premières publications ressort autour de 75 % pour le chiffre d’affaires et 80 % pour le BPA. Cette hausse de la profitabilité est l’un des facteurs expliquant la très bonne tenue des marchés actions.
Ces résultats microéconomiques s’observent également dans les données macroéconomiques. Globalement, les entreprises ont profité du choc sur les prix énergétiques pour relever fortement leur taux de marge. Ce phénomène est général, s’observant dans tous les pays développés et dans tous les secteurs. Deux facteurs ont permis ce relèvement des marges opérationnelles. D’une part, la demande globale excède toujours l’offre globale, ce qui permet aux entreprises d’augmenter les prix sans trop d’impact sur les parts de marché. D’autre part, les entreprises ont su exploiter « l’illusion nominale » des consommateurs, à savoir leur difficulté à distinguer dans l’inflation ce qui relevait du choc énergétique et ce qui relevait de la hausse des profits. Une boucle « prix-coûts » s’est donc bien enclenchée, avec un relais encore à venir des salaires, sauf à ce que les entreprises consentent – ce qui est peu probable – à une diminution de leurs marges.
Face à cette inflation « par les profits », les banques centrales devraient poursuivre les resserrements monétaires, et la « barre est haute » avant qu’elles n’envisagent des baisses de taux.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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