Vérités sur l’inversion de la courbe des taux américaine
Depuis les années 1960, chaque récession est précédée par une inversion de la courbe des taux. A ce jour, l’inversion de la courbe des bons du Trésor américain est devenue telle, que le rendement à deux ans surpasse de 80 pdb celui à 10 ans, amplitude jamais observée depuis 1982. Cette inversion est-elle d’origine monétaire ou provient-elle de l’économie réelle ? La première cause résulte de l’accroissement des taux monétaires de la Fed visant à freiner la croissance économique. Ainsi, les rendements à long terme diminuent par réduction de l’inflation anticipée, puis la Fed finit par abaisser ses taux, la courbe retrouvant une pente ascendante. L’inversion liée à l’économie réelle reflète pour sa part l’opinion du marché selon laquelle il y aura une récession. Celle-ci dégonfle l’effet de levier financier par une combinaison de remboursements forcés et de défauts afin que de nouveaux investissements à rendement élevé apparaissent et repentifient la courbe. Or, aujourd’hui, les politiques fiscales s’opposent à la « destruction créatrice » par des plafonds de prix et des subventions financées par l’endettement. On en déduit donc que l’inversion actuelle est essentiellement d’origine monétaire et que la récession restera sous contrôle, modérée mais durable.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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