Vers un QE 2.0

Publié le 7 octobre 2016 à 12h03    Mis à jour le 11 octobre 2016 à 17h32

Thierry Million

La Banque centrale européenne (BCE) a prévu d’acheter mensuellement 80 milliards d’euros d’obligations jusqu’à la fin du mois de mars 2017. Une majorité d’intervenants de marché tablait sur une extension de six à neuf mois de ce Quantitative Easing. Or la BCE a laissé filtrer une éventuelle réduction du volume de ses achats, le fameux «tapering».

Après une politique monétaire en constante expansion, la BCE souhaite se redonner des marges de manœuvre. De fait, elle fait preuve de clairvoyance quant à la diminution de l’efficacité marginale de son action. En effet, les taux d’intérêt négatifs et la liquidité excessive, opérants au début de leur mise en place, deviennent maintenant contre-productifs et affaiblissent dangereusement les banques. Il en va de même pour la parité euro-dollar, qui avait plongé de 20 %, dans le sillage du basculement du taux de dépôt de 0 % à - 0,20 % en 2014. Mais ensuite, les réductions supplémentaires jusqu’à - 0,40 % n’ont plus pesé sur l’euro. Au contraire, il s’est affermi de 3 % depuis le début de cette année, à 1,12 contre dollar.

Ayant pris la mesure des effets collatéraux indésirables de leur stratégie actuelle, les banques centrales, à l’instar de la Banque du Japon, changent de tactique. Elles remplacent le bazooka par le scalpel, afin d’engager de manière plus ciblée la capacité de leur bilan.

Bien évidemment, les conséquences sur la valorisation des actifs sont importantes. Ainsi, le niveau d’équilibre des taux d’intérêt sera sans doute plus élevé, mais durablement stabilisé. La hiérarchie des rendements par maturité va s’accentuer, soulageant les banques. Enfin, le ralentissement de la croissance de la base monétaire doit sans conteste dégonfler le prix des actifs risqués.

Attention cependant, la BCE et la BoJ ne programment pas (encore) la fin du QE.

Thierry Million Directeur de la gestion obligataire ,  Allianz Global Investors France

Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.

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