Vers un retour de la volatilité ?
Le repli de la volatilité du cycle économique a masqué pendant plusieurs décennies (avant la grande récession) la fragilité d’un régime de croissance tiré par la dette. Aujourd’hui, la faible volatilité sur les marchés financiers résulte en grande partie des politiques poursuivies par les banques centrales. Sans surprise, la Fed vient de mettre fin à ses achats d’actifs lors du dernier FOMC. Mais, ironie de l’histoire, la BCE entame au même moment son propre QE en s’engageant à accroître la taille de son bilan de 1 000 milliards d’euros. On est donc encore bien loin d’une normalisation. Le problème vient de ce que l’excès de liquidité mondiale ne vient pas se substituer mais s’ajouter à des excès de dettes qui n’ont pas encore commencé à se résorber à l’échelle du globe.
Le récent rebond de la volatilité sur les marchés aura été de courte durée. Sur toutes les classes d’actifs, la volatilité est très en deçà de sa moyenne de long terme. En revanche, les actifs ne sont plus guère sous-évalués. Leurs évolutions promettent donc d’être plus sensibles au cycle. Les Etats ont beaucoup moins de marges de manœuvre que par le passé pour lisser la conjoncture en cas de choc exogène. Les cycles réels et financiers étant très imbriqués, c’est donc le couple volatilité macroéconomique / volatilité financière qui promet, à terme, de repartir à la hausse.
Ce n’est pas tant la menace d’une chute concomitante des prix de tous les actifs qu’il faut craindre, que celle d’une modification en profondeur de leurs prix relatifs (entre les classes d’actifs et à l’intérieur de chaque classe d’actifs) à mesure que les excès de dette et de liquidité seront apurés.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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