Vers une déflation en Europe

Publié le 17 janvier 2014 à 15h19    Mis à jour le 17 janvier 2014 à 18h43

Philippe Weber

Le mot est lâché : déflation. Ce spectre hante-t-il l’Europe ? On peut d’autant plus se le demander que, horresco referens, le FMI lui-même a évoqué cette éventualité. Pour l’instant, nous n’y sommes pas : l’inflation est très basse, mais positive. Cependant, elle tend à ralentir encore dans presque tous les pays ; surtout, des facteurs désinflationnistes supplémentaires sont à l’œuvre : l’écart de production est très négatif, et la timide reprise escomptée en 2014 ne suffira pas à le combler ; les coûts salariaux unitaires ralentissent, et le chômage très élevé ne permettra aucune hausse des salaires nominaux.

L’euro est très cher, et, malgré le début du ralentissement des achats de titres par la Réserve fédérale, le dollar ne remonte pas. Enfin, la distribution de crédit est au point mort. Ce n’est pas pour cela que la déflation est imminente : l’environnement international s’améliore, les enquêtes de conjoncture en zone euro même se redressent. Mais, même si la probabilité qu’elle s’installe est faible (et l’on parle bien d’une baisse durable du niveau général des prix et des salaires, pas d’une chute temporaire due, par exemple, au pétrole), il faut tout faire pour l’éviter : l’expérience du Japon montre que la déflation est encore plus difficile à combattre que l’inflation, et elle est plus douloureuse encore. Que faire ? Baisse des taux, jusqu’à des taux négatifs ? Achats d’actifs ? Le plus efficace serait sans doute une baisse de l’euro, qui aurait le double avantage de favoriser l’activité et d’augmenter les prix importés, mais… cela ne semble pas (pour l’instant ?) à l’ordre du jour des autorités.

Philippe Weber

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