Alors que l’utilisation des réseaux sociaux professionnels est désormais indispensable dans les processus de recrutement, le "personal branding", c'est-à-dire la prise en main et l’amélioration de sa communication personnelle, sont devenues primordiales. Les financiers, déjà particulièrement actifs en ligne, n’échappent pas à la règle et s’attachent à renforcer leur image sur ces réseaux.
Dominés par LinkedIn qui compte à lui seul 27 millions de membres en France et 950 millions dans le monde, les réseaux sociaux professionnels font désormais partie intégrante des processus de recrutement. « Dans le monde, plus de 840 000 entreprises utilisent les solutions de LinkedIn pour rechercher, trouver et embaucher des talents, indique Florent Balaye, directeur des solutions talents chez LinkedIn France. Huit recrutements y sont effectués chaque minute. En moyenne, les membres de LinkedIn postulent à 127 offres d’emploi chaque seconde et 5,2 millions de professionnels RH l’utilisent activement. » Entre autres utilisateurs du principal réseau social professionnel au monde, les financiers comptent parmi les plus actifs. « En matière de réseaux sociaux professionnels, dans le financier, LinkedIn capte le gros du trafic, précise ainsi Ludovic Bessière, business director France et Benelux chez Hays. Pour notre part, nous y avons d’ailleurs systématiquement recours dans le cadre de nos procédures de recrutement, au même titre que notre propre base de données de profils et candidats. C’est notamment le cas lorsque nous cherchons des compétences rares comme les profils de financiers seniors. » Une approche d’ailleurs confirmée par les principaux intéressés. « Les chasseurs de têtes me contactent via LinkedIn, témoigne ainsi Isabelle Coltrat, directrice de la performance, du contrôle de gestion, de la restructuration industrie/distribution chez Lapeyre. De même, ce réseau me permet d’être contactée par des étudiants en recherche de stage ou d’alternance. De mon côté, il me permet d’étudier le parcours professionnel des candidats ou de mes pairs et de comprendre comment ils l’ont construit ou comment ils ont abordé certains projets ou résolu certaines problématiques ».
«Pour les financiers, cette valorisation des compétences est d’autant plus nécessaire que leurs expertises peuvent être pointues ou sur des sujets très particuliers tels que la consolidation, les normes IFRS ou encore la facturation électronique.»
Les réseaux sociaux, compléments du CV
Etape indispensable de toute démarche de recherches d’emploi, les réseaux sociaux professionnels viennent donc aujourd’hui compléter un curriculum vitae et une lettre de motivation et permettent d’aller beaucoup plus loin dans la valorisation de son profil professionnel. A cet effet, il convient néanmoins de soigner son personal branding (marketing personnel), exercice qui consiste notamment à mettre en avant ses compétences, ses soft skills, son positionnement et son image sur les réseaux sociaux professionnels. Cette démarche est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que la valorisation des compétences tend à être aussi importante que celle des diplômes et des expériences professionnelles passées. « Nous avons une conviction assez forte qu’il faut changer de paradigme sur le recrutement et adopter une approche basée avant tout sur les compétences, précise à ce sujet Florent Balaye. De cette manière, les employeurs peuvent identifier et attirer un vivier de talents plus diversifié, y compris des candidats ayant des antécédents ou des expériences non traditionnelles. » En d’autres termes, axer la recherche du candidat sur le volet « compétences » peut conduire à la découverte de nouvelles personnes qualifiées qui auraient pu être négligées par les méthodes d’embauche traditionnelles. « Pour les financiers, cette valorisation des compétences est d’autant plus nécessaire que leurs expertises peuvent être pointues ou sur des sujets très particuliers tels que la consolidation, les normes IFRS ou encore la facturation électronique, ajoute Ludovic Bessière. A cet effet, il convient de compléter son profil correctement pour que toutes les compétences soient là, d’indiquer clairement son expérience professionnelle et de travailler sur les mots-clés en finance. » Aujourd’hui, plus de 45 % des recruteurs sur LinkedIn utilisent ainsi explicitement les filtres de compétences pour trouver des candidats qualifiés et pourvoir leurs postes.
Des profils à faire vivre
L’amélioration du personal branding nécessite également de rester constamment actif sur les réseaux, notamment sur son fil d’actualité mais aussi en prenant part à des discussions sur des communautés particulières pour mieux faire connaître ses domaines de prédilection. « Il s’agit alors d’aller plus loin que le seul like à des publications, insiste Ludovic Bessière. Il faut faire vivre son profil de façon récurrente et surtout, ne jamais s’arrêter ! » Il convient alors de commenter des posts, de prendre part à des discussions, de partager du contenu, des articles, des analyses liés à ses domaines d’expertises voire de participer à des communautés pour démontrer une connaissance. « Au-delà de la valorisation des expertises et de l’entretien des relations avec son réseau, ces démarches peuvent également contribuer à faire de certains membres des références dans leur domaine », explique Florent Balaye. En améliorant ainsi son personal branding mais également en fonction des informations qu’il communique et de ce qu’il inspire, un membre peut également toucher des personnes qu’il ne connaît pas, nouer un dialogue, échanger, et ainsi élargir encore son réseau et saisir de nouvelles opportunités. « LinkedIn est en cela une révolution, car il met à disposition un réseau immense de décideurs et de leaders d’opinion, constate Ludovic Bessière. Il permet par exemple d’entrer en contact avec un leader financier d’un groupe coté, alors qu’avant ce n’était pas possible. »
Capitaliser sur les réseaux sociaux professionnels pour promouvoir un métier
Au-delà de servir les intérêts personnels de chacun, les réseaux sociaux professionnels sont également utilisés pour attirer les talents. « LinkedIn me permet de publier régulièrement du contenu concernant le contrôle de gestion pour mieux faire connaître ce métier, indique Isabelle Coltrat, directrice de la performance, du contrôle de gestion, de la restructuration industrie/distribution chez Lapeyre. La profession peine en effet à recruter de nouveaux candidats. Les réseaux sociaux professionnels contribuent à en valoriser les différents atouts et montrent par ailleurs que le métier permet de traiter des sujets différents et intéressants et qu’il participe également à la performance de l’entreprise. A cet effet, je publie notamment régulièrement sur mon profil des informations relatives au contrôle de gestion et à la RSE. » Dans le cadre de cette approche, Isabelle Coltrat a notamment relayé trois fascicules sur « taxonomie et CSRD et le contrôle de gestion », « bilan carbone et contrôle de gestion » et « le KPI et la RSE », des tables rondes sur le contrôle de gestion et la RSE auxquelles elle a participé, ainsi que des podcasts sur le contrôle de gestion réalisés avec un professeur de HEC Montréal et cobrandé par la DFCG.
Des moyens d'acquérir des compétences
Cet exercice est d’ailleurs d’autant plus important que ces réseaux ne servent pas uniquement à trouver un emploi ou à valoriser des compétences auprès des recruteurs. Ces outils servent aussi à renforcer ses relations professionnelles, à s’informer via des articles d’actualité en lien avec son secteur, à acquérir les compétences nécessaires pour réussir dans son domaine. Les connexions donnent lieu à des conversations, tant en privé que dans le flux d’actualité sur la plateforme. « Linkedin me permet d’entrer en contact avec mes pairs pour échanger sur des sujets et pratiques peu traités », témoigne ainsi Isabelle Coltrat. Les réseaux sociaux professionnels n’ont d’ailleurs pas l’exclusivité de ces expériences collaboratives. « Les réseaux communautaires d’associations professionnels permettent également de s’inscrire dans cette démarche et il convient d’ailleurs aussi d’y travailler son personal branding, indique Ludovic Bessière. La DFCG propose ainsi une plateforme où les financiers se loguent et peuvent communiquer entre eux. » Quel que soit le réseau, les connaissances, les conseils et les idées des personnes inspirantes qui y sont échangés peuvent être de véritables accélérateurs de carrière.