En plein processus d’élaboration de leur budget 2020, les entreprises doivent de nouveau composer avec un environnement rempli d’incertitudes et dominé par les tensions géopolitiques. Dans ce contexte, les directions financières se montrent plus prudentes, ce qui se traduit chez certaines d’entre elles par la volonté d’aller plus loin dans l’optimisation des coûts. De telles initiatives ne les empêchent toutefois pas de continuer à investir afin d’accélérer la croissance organique de leur groupe.
- Une revue des processus de prévisions financières
- Aude Rigaudière, directeur financier, Julhiet Sterwen
- Eric Meynard, directeur administratif et financier, Precia Molen
- Franck Chaulet, directeur financier Europe, Septodont
- Cherifa Hemadou, directrice financière, Virbac et membre de la DFCG Côte d’Azur
- Ludovic Laporte, directeur financier groupe, STEF
- Olivier Rigaudy, directeur général délégué et directeur financier, Teleperformance
Depuis plusieurs semaines, les directions financières s’affairent à préparer leur budget 2020. Alors qu’Option Finance a interrogé plusieurs directeurs financiers évoluant dans des groupes de tailles et de secteurs divers, ceux-ci semblent adopter cette année une attitude plus prudente. Et pour cause : la préparation du budget est cette année encore particulièrement perturbée par les tensions politiques entre la Chine et les Etats-Unis, mais aussi par les incertitudes autour du Brexit. Pas de quoi, pour les équipes financières de certaines d’entreprises, susciter un vent de panique pour autant. «Les grands groupes fortement présents à l’international ont appris à vivre avec cette perception des risques macroéconomiques, estime Catherine Pilidjian, associée chez Wavestone. De plus, la présence dans différents pays permet d’équilibrer les risques financiers.» Ce sont davantage les perspectives de ralentissement économiques qui inquiètent les entreprises. Selon les derniers chiffres de Coface, le commerce international reculerait de 0,8 % en 2020 et la croissance du PIB baisserait dans les principales zones économiques (+ 1,2 % en France, + 0,5 % en Allemagne, et +1,3 % aux Etats-Unis).
Une revue des processus de prévisions financières
Face à ces incertitudes, les directions financières prévoient de mettre en œuvre de nouveaux programmes de réduction des coûts. Pour cela, plusieurs d’entre elles sont en train de se doter d’outils qui les aident à limiter leurs dépenses. «Les entreprises vont continuer à investir en 2020 dans des outils de robotisation des processus afin d’optimiser leurs coûts de production et d’augmenter leurs gains de productivité, confirme Maryse Lecutier, responsable des activités de conseil pour les directions financières chez PwC. Une part croissante du budget des entreprises est ainsi attribuée à ces investissements.» De plus, le manque de visibilité sur les événements économiques et politiques incite également les sociétés à revoir leur processus de prévisions financières. «Ces dernières années, plusieurs directions financières étudiaient la possibilité d’acquérir un nouvel outil de pilotage financier, souligne Maryse Lecutier. On constate depuis quelques mois que les responsables mettent peu à peu en place ces nouveaux systèmes informatiques. Cela commence à faire évoluer la façon dont les entreprises préparent leur budget. Désormais, les opérationnels sont plus souvent sollicités. De plus, le budget peut être révisé plus fréquemment et plus rapidement pour tenir compte des changements économiques.»
Néanmoins, ce contexte n’empêche pas les directions financières de chercher à doper leur croissance organique. Pour cela, plusieurs d’entre elles prévoient de se recentrer sur leur cœur d’activité. Certaines vont renforcer leurs investissements en R&D. En outre, une part plus conséquente du budget va être allouée à la connaissance des clients. «Les entreprises, quelle que soit leur taille, veulent mieux analyser le comportement de leurs clients, connaître leurs futurs consommateurs, et faciliter leur interaction avec eux, observe Maryse Lecutier. Ainsi, elles sont prêtes à investir dans des outils prédictifs et d’analyse des données.»
Anaïs Trebaul
Aude Rigaudière, directeur financier, Julhiet Sterwen
- Chiffre d’affaires : 60 millions d’euros en 2018
- Secteur d’activité : conseil en transformation et en innovation
Compte tenu des nombreuses incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, dans quel état d’esprit abordez-vous la construction de votre budget 2020 ?
Nous avons abordé positivement la construction de ce budget. En effet, l’évolution de l’environnement économique et réglementaire implique pour nos clients – composés notamment d’acteurs bancaires et du monde de l’assurance – de se transformer, et de repenser leur business model. Nous travaillons par exemple pour des banques anglo-saxonnes qui sont en proie aux incertitudes liées au Brexit. De plus, le contexte réglementaire européen (mise en place du RGPD, de la directive sur les services de paiement DSP2) a également fait évoluer les processus de nos clients. Nous sommes ainsi régulièrement sollicités pour un accompagnement sur ces problématiques.
Quelles sont vos perspectives sectorielles ?
Notre activité est liée aux perspectives des secteurs dans lequel évoluent nos clients. L’ensemble des marchés est actuellement chahuté. Les organisations sont impactées. En tant que cabinet de conseil en transformation et en innovation, nous devons accompagner nos clients dans ces circonstances complexes.
Quelles seront les priorités de votre prochain budget ?
En 2018, nous avons établi un business plan sur cinq ans, que nous essayons de respecter, sans que cela nous empêche de nous réinventer tous les ans. La majeure partie de notre budget est consacrée à notre masse salariale. Fin 2019, nous dépasserons les 400 salariés, contre environ 300 en 2018. L’an prochain, nous prévoyons l’embauche de 120 nouveaux consultants. Une partie d’entre eux viendra compenser l’attrition des effectifs, structurelle dans notre secteur.
Par ailleurs, comme tous les ans, 8 % de notre chiffre d’affaires sera consacré à la R&D. C’est un impondérable de notre budget. Nous avons en effet des chercheurs qui développent et testent continuellement des innovations, méthodologies et solutions nouvelles.
En outre, une des principales nouveautés pour 2020 réside dans l’intégration, au sein de notre budget, de nos dépenses en matière d’impact sociétal. Celles-ci étaient jusqu’à présent intégrées au budget au fil de l’eau, sans avoir été structurées ex ante. Ces dépenses correspondent notamment à des accompagnements auprès d’associations, de laboratoires universitaires, de think tanks ou à des investissements pour réduire notre empreinte carbone…
L’organisation de la préparation du budget a-t-elle évolué ?
Le fonctionnement de Julhiet Sterwen repose sur une logique entrepreneuriale. Notre processus budgétaire doit refléter cet état d’esprit et s’adapter à notre contexte de croissance (+ 50 % en quatre ans). C’est-à-dire qu’il doit être dynamique, il doit pouvoir évoluer facilement et il doit être simple. Pour cela, nous nous focalisons sur un nombre limité d’indicateurs de performance, lisibles de tous. De plus, nous avons simplifié la structure du groupe afin d’avoir peu de données à consolider. Ainsi, nous utilisons… Excel pour préparer notre budget, qui est l’outil le plus approprié dans notre situation.
Eric Meynard, directeur administratif et financier, Precia Molen
- Chiffre d’affaires : 129,9 millions d’euros en 2018
- Secteur d’activité : pesage industriel
Compte tenu des nombreuses incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, dans quel état d’esprit abordez-vous la construction de votre budget 2020 ?
Entre l’export direct et nos filiales, près de la moitié de notre chiffre d’affaires est réalisé hors de France. Nous sommes donc particulièrement vigilants quant aux décisions économiques étrangères. Dans notre cas, cela reste néanmoins limité à des effets locaux ponctuels. Nous constatons par exemple que le protectionnisme et les barrières douanières se renforcent au niveau mondial. En Inde et au Brésil, nous sommes cependant peu affectés par ces mesures car nous avons fait le choix de fabriquer nos infrastructures mécaniques sur place. En revanche, si nous avons fait le même choix aux Etats-Unis, les représailles chinoises aux sanctions commerciales décidées par l’administration Trump ont clairement affaibli le marché des céréaliers américains et donc leur capacité d’investissement. Par ailleurs, les commandes publiques du Royaume-Uni pour nos outils industriels ont été fortement freinées à cause du Brexit ; nous avons donc prévu de réduire nos coûts fixes en Grande-Bretagne. Le contexte français bénéficie quant à lui d’une certaine stabilité et nous est donc favorable même si l’investissement industriel reste faible.
Quelles sont vos perspectives sectorielles ?
La moitié de notre activité est consacrée à la fabrication et à la vente d’équipements de pesage, et l’autre moitié est dédiée à l’installation de matériels neufs, à l’entretien et à la maintenance de matériel de pesage de toutes marques. Aussi, notre clientèle est très diversifiée (agro-industrie, logistique, carrières, environnement, commerce, etc.). Cette diversification nous permet de ne pas dépendre d’un domaine d’activité en particulier et ainsi mieux de résister aux évolutions sectorielles. De ce fait, nos prévisions de croissance suivent plutôt l’évolution macroéconomique des pays où nous sommes implantés. Par exemple, en Inde, notre budget respecte le rythme de la croissance du PIB du pays (5-7 %).
Quelles seront les priorités de votre prochain budget ?
Notre budget va globalement suivre la même tendance que ces dernières années. En 2020, nous allons mettre encore davantage l’accent sur la R&D, qui restera en partie financée par le crédit d’impôt recherche (CIR). Aussi, pour accompagner la croissance du Groupe, nous prévoyons de continuer d’investir pour agrandir nos usines, notamment en accroissant nos capacités de production (capex) en France.
L’organisation de la préparation du budget a-t-elle évolué ?
Nous préparons toujours notre budget à la même période, entre septembre et novembre. Toutefois, nous nous déplaçons désormais davantage au sein des filiales pour revoir avec elles leur budget. Par ailleurs, nos prévisions financières sont plus précises : auparavant nous ne préparions qu’un budget total des ventes de biens et services, alors que depuis cette année nous présentons nos objectifs par ligne de produit.
Franck Chaulet, directeur financier Europe, Septodont
- Chiffre d’affaires : 278 millions d’euros en 2018
- Secteur d’activité : industrie pharmaceutique - dentaire
Compte tenu des nombreuses incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, dans quel état d’esprit abordez-vous la construction de votre budget 2020 ?
Nous sommes présents dans 140 pays. Les incertitudes du moment pèsent sur les monnaies de certains d’entre eux, ce qui nous affecte au travers des effets de change. Nous sommes également touchés par l’évolution des normes réglementaires liées à notre industrie. Les plannings d’enregistrement ou de renouvellement de nos autorisations de mise sur le marché influent sur nos ventes. Ainsi, nous menons une approche et une analyse des ventes pays par pays et produit par produit pour préparer notre budget.
Quelles sont vos perspectives sectorielles ?
Nous sommes spécialisés dans la production d’anesthésiques pour les dentistes. En Europe, ce marché est mature, avec des volumes stables, voire en légère baisse. En revanche, dans les pays en développement, le marché est en train d’évoluer et d’ouvrir de nouvelles opportunités pour notre activité.
Toutefois, l’environnement concurrentiel est très variable d’un pays à un autre et les contraintes sont différentes (les molécules utilisées varient selon les Etats par exemple).
Quelles seront les priorités de votre prochain budget ?
Notre budget découle de notre plan stratégique établi en début d’année 2019. Nous allons d’abord renforcer notre présence sur les supports digitaux afin de consolider nos liens avec nos clients. Ensuite, nous allons augmenter notre capacité à innover en renforçant la taille de notre équipe de recherche en France. Pour cela, une partie supplémentaire de notre marge sera injectée en R&D pour notre croissance future. Enfin, nous allons conforter notre performance opérationnelle notamment en maîtrisant nos prix de revient.
L’organisation de la préparation du budget a-t-elle évolué ?
Comme tous les ans, nous avons commencé la préparation de notre budget en septembre. Celle-ci s’achèvera ce mois-ci. Ensuite, au printemps, en fonction des résultats du premier trimestre, nous adaptons notre plan d’action pour être sûrs d’atteindre les objectifs arrêtés dans le budget.
Jusqu’à présent, nous récupérions sous le format de fichiers Excel les données de nos diverses entités, que nous consolidions ensuite au sein d’un logiciel dédié. Cette année, nous venons de mettre en place un nouvel outil partagé qui va permettre à nos équipes commerciales de compléter elles-mêmes leurs quantités et prix de ventes. Nous avons installé cette solution pour la prévision de nos ventes, puis nous la déploierons pour le suivi de notre masse salariale, et ensuite pour nos frais généraux. A terme, nous souhaitons construire l’ensemble de notre compte de résultat et bilan via cet outil, qui devrait nous permettre de supprimer les nombreux allers-retours de fichiers qui perturbent aujourd’hui le processus.
Cherifa Hemadou, directrice financière, Virbac et membre de la DFCG Côte d’Azur
- Chiffre d’affaires : 868 millions d’euros en 2018
- Secteur d’activité : santé animale
Compte tenu des nombreuses incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, dans quel état d’esprit abordez-vous la construction de votre budget 2020 ?
Notre industrie est relativement peu exposée aux incertitudes macroéconomiques et géopolitiques ; le marché mondial de la santé animale souffre plus de la crise sanitaire de la peste porcine africaine. Par ailleurs, vu le potentiel de développement de nos parts de marché à travers le monde et notre structure de portefeuille diversifiée, nous restons prudents mais sereins quant à l’avenir. 60 % de notre chiffre d’affaires étant réalisés en dehors de l’Europe, nous gérons beaucoup de devises. Nous sommes donc, depuis des années, particulièrement vigilants quant aux risques inflationnistes et aux dévaluations monétaires, notamment dans les pays émergents. En 2018, les effets de change nous ont impactés d’environ 30 millions d’euros sur le chiffre d’affaires. Cette année, le Brexit reste un sujet d’attention, bien que nous nous y soyons très bien préparés. Enfin, si les changements de politique fiscale ne dirigent pas nos décisions, nous étudions tout de même de près leur évolution dans les pays qui nous concernent. Nous avons ainsi observé un certain assouplissement fiscal aux Etats-Unis, en Inde et en France, qui s’avère positif pour notre budget.
Quelles sont vos perspectives sectorielles ?
Le secteur de la santé animale est un marché en croissance avec des fondamentaux très solides. D’une part, il repose sur la place de plus en plus importante que prennent les animaux de compagnie dans tous les pays et également sur le besoin de nourrir une population mondiale qui continue d’augmenter de façon importante et dont les habitudes alimentaires changent. C’est un marché d’innovation où l’offre de nouveaux produits crée des gisements de croissance importants. Enfin, il s’agit d’un marché réglementé, ce qui crée des barrières à l’entrée importantes pour de nouveaux entrants, en particulier au niveau des exigences réglementaires pour l’enregistrement et la fabrication des produits. On note depuis quelques années une consolidation au niveau de notre industrie (des laboratoires et des clients) pour faire face à cette montée des niveaux d’exigences réglementaires et des coûts associés.
Quelles seront les priorités de votre prochain budget ?
Nous avons pour objectif de continuer à augmenter notre résultat opérationnel courant ajusté pour le porter autour de 15 % à horizon 2022. Notre prochain budget devrait donc constituer une étape de plus vers cet objectif. Cela passera par un développement de nos ventes, une focalisation sur nos produits clés, ainsi que le lancement de nouveaux produits. En parallèle, nous continuerons à veiller à la maîtrise de nos dépenses, en particulier dans le domaine industriel, et à investir en R&D pour préparer l’avenir et l’introduction de nouveaux produits à moyen terme. Enfin, nous continuerons à assurer la transformation digitale du groupe en optimisant nos processus internes et en investissant dans des systèmes d’information, tout en explorant de nouveaux modes de commercialisation auprès de nos clients.
L’organisation de la préparation du budget a-t-elle évolué ?
Notre processus budgétaire n’a pas fondamentalement évolué. En revanche, nous sommes en train de réfléchir sur la mise en place d’un nouvel outil de business planning qui viendrait compléter notre ERP actuel, afin de permettre une consolidation plus rapide de nos données analytiques. Une fois celui-ci choisi, la préparation de notre budget pourrait évoluer vers une autonomisation plus importante de nos «business units» et une convergence de la collecte des données financières vers un seul outil.
Ludovic Laporte, directeur financier groupe, STEF
- Chiffre d’affaires : 3,255 milliards d’euros en 2018
- Secteur d’activité : transport logistique
Compte tenu des nombreuses incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, dans quel état d’esprit abordez-vous la construction de votre budget 2020 ?
La hausse actuelle du prix du carburant, liée notamment aux tensions géopolitiques, a un impact sur notre activité. Pour la préparation de notre budget, nous comptons retenir par prudence un prix légèrement inférieur à la moyenne des prix constatés pendant les 12 derniers mois.
Au-delà de la variation du prix de gazole, nous sommes également affectés par l’évolution de la fiscalité sur le carburant avec deux éléments identifiés à ce stade. Le premier est la baisse de remboursement de la TICPE (taxe intérieure de la consommation sur les produits énergétiques) qui aura un impact de deux centimes par litre de gazole. Le second porte sur les taxes qui s’appliqueront sur le GNR (gazole non routier) et qui seront progressivement alignées sur celles du gazole. En effet, le projet de loi de finances pour 2020 prévoit d’aligner la fiscalité du GNR sur celle du gazole à horizon de trois ans.
Par ailleurs, avec environ 18 000 personnes dans nos effectifs dont 14 000 en France, nous sommes très attentifs à l’évolution des charges sociales. Nous avons bénéficié des allégements de charges mis en œuvre en 2019 (transformation, depuis le 1er janvier dernier, du CICE en baisse des cotisations à l’assurance maladie et de l’assurance chômage) et nous allons suivre les différents amendements au projet de loi de financement de la sécurité sociale 2020 (PLFSS).
Quelles sont vos perspectives sectorielles ?
En tant que spécialiste européen des services de transport et de logistique dédiés aux produits alimentaires sous température contrôlée, notre activité est dépendante de l’évolution de la consommation alimentaire dans les sept pays où le groupe est implanté : France, Espagne, Portugal, Italie, Belgique, Pays-Bas et Suisse. 75 % de notre activité s’effectuent en France, le reste étant principalement localisé en Italie et en Espagne. Si l’évolution de la consommation est légèrement positive en France et en Espagne, elle est en baisse en Italie où l’incertitude politique affecte le commerce de détail. Néanmoins, le chiffre d’affaires du groupe par habitant dans ces pays est 5 à 6 fois inférieur à celui constaté en France. Nous avons donc un fort potentiel de développement dans ces pays.
Quelles seront les priorités de votre prochain budget ?
Les priorités du budget sont en lien avec les enjeux du groupe. L’innovation et le digital, qui s’inscrivent au cœur de la stratégie de STEF, ont une ligne de budget spécifique pour 2020. Un de nos autres enjeux est la sécurisation de nos ressources managériales et de production pour accompagner les transformations et le développement du groupe en Europe. Cette sécurisation passe notamment par le recrutement de près de 2 000 nouveaux collaborateurs pour des postes aux responsabilités varées : conducteurs, préparateurs de commandes, managers de proximité…
L’organisation de la préparation du budget a-t-elle évolué ?
La préparation de notre budget repose sur un processus relativement long qui démarre en juin pour se terminer en novembre. Depuis trois ans, nous utilisons le logiciel Hyperion. Il nous permet d’avoir une agrégation des données plus sécurisées que sur Excel, ainsi qu’une meilleure analyse de nos données par business unit et par zone géographique. Enfin, notre budget est toujours établi à périmètre constant même si nous réalisons en général une à trois acquisitions chaque année.
Olivier Rigaudy, directeur général délégué et directeur financier, Teleperformance
- Chiffre d’affaires : 4,441 milliards d’euros en 2018
- Secteur d’activité : services aux entreprises en solutions digitales intégrées
Compte tenu des nombreuses incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, dans quel état d’esprit abordez-vous la construction de votre budget 2020 ?
Nous abordons la construction du budget avec prudence. La conjoncture internationale actuelle (Brexit, relations entre la Chine et les Etats-Unis) rend l’environnement particulièrement incertain. De plus, la baisse continue des taux d’intérêt a également un effet sur notre budget. Même si en tant qu’emprunteur, cet environnement nous est favorable, les conséquences sur les taux de change sont importantes alors que nous sommes présents dans 80 pays.
Quelles sont vos perspectives sectorielles ?
Nous travaillons dans un environnement qui change à une vitesse phénoménale et Teleperformance est aujourd’hui un partenaire clé de la transformation digitale de ses clients. Afin de profiter des opportunités qui existent et de nous diversifier, nous avons fait le choix de travailler pour une diversité de secteurs (banque, santé, transport, etc.) dans le monde entier. Ainsi, l’an dernier, nous avons fait l’acquisition d’Intelenet, en Inde, une société développant des services en solutions digitales très avancés. Nous estimons que notre marché est en croissance de 3 % à 4 % par an. Au premier semestre 2019, la croissance organique de Teleperformance a atteint 10,4 %.
Quelles seront les priorités de votre prochain budget ?
Cela fait 29 trimestres consécutifs que notre croissance annuelle dépasse les 5 % et nous avons annoncé notre ambition de réaliser une croissance moyenne annuelle supérieure ou égale à 7 % entre 2020 et 2022. Nous avons donc pour objectif de poursuivre notre croissance en 2020, par un développement et une maîtrise des coûts.
En 2019, nous avons fortement investi pour notre croissance organique en ouvrant de nouveaux sites et en agrandissant nos sites existants. En 2020, nous allons poursuivre ces investissements en Amérique latine et nous implanter au Japon mais nous allons surtout nous assurer que les investissements réalisés produisent bien les résultats escomptés. Dans le cadre de la stratégie de développement centrée sur la montée en gamme de son offre de services, le groupe envisage de réaliser des acquisitions ciblées, notamment dans les services spécialisés. Nous allons notamment mettre l’accent sur la cybersécurité, en choisissant la protection cyber la plus efficace pour nos 400 sites pour un investissement conséquent.
L’organisation de la préparation du budget a-t-elle évolué ?
Notre système de reporting budgétaire suit un processus rodé depuis plusieurs années qui fonctionne bien, nous n’avons donc pas modifié son organisation. Nous commençons la préparation de notre budget annuel fin juillet, et nous accélérons sa mise en œuvre en septembre. Nous effectuons par ailleurs quatre mises à jour du budget au cours de l’année.