L’année 2021 devrait offrir de belles opportunités commerciales aux exportateurs français. L’enjeu pour les entreprises sera de conquérir ces nouveaux débouchés tout en limitant l’exposition de leur trésorerie au risque d’impayés. Sans quoi les efforts accomplis pour compenser le manque à gagner subi en 2020 pourraient s’avérer contre-productifs.
Selon Euler Hermes, la demande de biens et services adressée à la France devrait croître de + 59 milliards d’euros en 2021 par rapport à 2020. Des débouchés conséquents à saisir pour les exportateurs français, qui permettront de compenser environ 45 % du manque à gagner subi en 2020 à cause de la crise Covid-19 (environ – 125 milliards d’euros).« L’accélération des campagnes de vaccination sera un atout de poids pour la confiance des agents économiques. Ce regain d’optimisme sera essentiel pour relancer la demande des ménages et impulser un nouveau cycle d’investissements à l’échelle mondiale. De quoi permettre aux échanges internationaux de repartir de l’avant en 2021 (+ 5,8 %) et ainsi offrir de belles opportunités aux exportateurs français », explique Selin Ozyurt, économiste France chez Euler Hermes.
Des débouchés à saisir en UE, mais aussi au grand export
Où se situeront les meilleures opportunités commerciales à saisir pour les exportateurs français en 2021 ? Sans surprise, plus de 50 % de la demande adressée aux exportateurs français cette année proviendra de l’Union européenne. Une perspective qui était prévisible, tant l’appareil exportateur français est tourné vers l’UE. C’est en Allemagne qu’il y aura le plus d’opportunités à saisir pour les entreprises exportatrices françaises (+ 7,9 milliards d’euros de demande adressée), mais il y aura également des parts de marché à conquérir en Belgique (+ 4,2 milliards d’euros), en Espagne (+ 4 milliards d’euros) et en Italie (+ 3,9 milliards d’euros).Le grand export offrira également des débouchés intéressants aux entreprises françaises. Les exportations tricolores vers les Etats-Unis devraient croître cette année de + 5,6 milliards d’euros. Même si le protectionnisme américain n’est pas amené à disparaître, il devrait toutefois s’assouplir et changer de forme sous l’impulsion de la nouvelle administration. Dans une moindre mesure, des opportunités seront également à saisir en Chine (+ 1,7 milliard d’euros), conséquence directe d’une reprise économique enclenchée relativement tôt et déjà visible. Enfin, le Royaume-Uni fait également partie des destinations à envisager pour les entreprises françaises en 2021 (+ 1,7 milliard d’euros). Le Brexit n’aura qu’un impact mesuré sur les exportations françaises vers le Royaume-Uni du fait de la période de transition qui retarde le début des contrôles aux frontières au second semestre 2021.« Nous estimons que trois secteurs sont particulièrement bien positionnés pour saisir ces opportunités commerciales à l’export. Il s’agit du secteur pharmaceutique (+ 6,4 milliards d’euros), des équipements de transports (+ 6,1 milliards d’euros) et de l’agroalimentaire (+ 5,5 milliards d’euros). Ces secteurs profiteront directement du rebond de la demande mondiale en 2021. Un rebond qui ne sera pas suffisant pour compenser l’intégralité des pertes observées en 2020, mais qui permettra de soulager dans une certaine mesure la trésorerie des entreprises françaises », ajoute Selin Ozyurt.
Gare à la résurgence du risque d’impayés
En effet, ces nouvelles opportunités commerciales pourraient offrir aux exportateurs français un renfort de trésorerie précieux, après une année 2020 pour le moins morose. Une perspective positive, mais qui requiert tout de même une vigilance particulière. En effet, saisir de nouveaux débouchés à l’export est positif… mais encore faut-il être sûr de se faire payer !Or, selon Euler Hermes, longtemps masqué par un soutien étatique sans précédent en 2020, le risque d’impayés devrait montrer son vrai visage en 2021. Le nombre de défaillances a certes reculé en 2020 et dans le monde (– 10 %). Mais cette baisse n’est pas le vrai reflet de la santé financière des entreprises. En effet, en 2020, le contexte sanitaire a largement pesé sur l’activité économique des entreprises, en perturbant à la fois la demande, la production et les échanges internationaux. De quoi engendrer de fortes tensions sur les marges, l’endettement et les structures de coûts de nombreuses entreprises, fragilisant ainsi leur équilibre financier et leur solvabilité. La pression sur les trésoreries est maximale dans certains secteurs, même si elle est peu visible pour le moment d’un point de vue statistique, du fait des soutiens étatiques massifs qui ont été déployés et qui maintiennent sous perfusion les entreprises.
Cette pression devrait d’ailleurs se manifester dès cette année, au fur et à mesure que le soutien public aux entreprises s’estompera. Selon Euler Hermes, dans le monde, le nombre de défaillances d’entreprises devrait croître de + 25 % en 2021 et de + 13 % en 2022. Chez nos principaux partenaires commerciaux, la tendance devrait être similaire, avec une hausse des défaillances en 2021 attendue en Italie (+ 73 %), en Espagne (+ 20 %), en Allemagne (+ 5 %) ou encore aux Etats-Unis (+ 36 %). Enfin, Euler Hermes estime qu’en zone euro, dans les secteurs les plus exposés à la crise Covid-19 (commerce de détail, hôtellerie-restauration, évènementiel, tourisme, etc.), 1 entreprise sur 4 se retrouvera en situation de crise de trésorerie en 2021, c’est-à-dire en manque de liquidités pour garantir le bon fonctionnement de son activité.« Cette année, l’enjeu pour les entreprises sera de saisir les opportunités commerciales à l’international, créées par la dynamique de reprise qui s’enclenche, tout en limitant l’exposition au risque d’impayés. Sans quoi les efforts accomplis pourraient malheureusement s’avérer contre-productifs », conclut Selin Ozyurt.
Questions à… Alice de Brem, directrice commerciale et marketing, Euler Hermes France
Dans le cadre de ses fonctions, Alice de Brem est en contact régulier avec les exportateurs français. Elle dispose ainsi d’une vision précise de ce qui peut faire la différence dans la conquête de nouveaux marchés.
Quel est le secret pour réussir son développement export ? : Un exportateur ne peut pas se permettre d’entreprendre une relation commerciale avec une entreprise dont il ne sait rien : il doit identifier les meilleures opportunités commerciales. C’est essentiel, car sans passer par cette étape de prévention, on expose fortement sa trésorerie au risque d’impayés. Il faut donc récolter un maximum d’informations commerciales, financières et stratégiques sur ses partenaires commerciaux, afin d’éviter le risque d’impayés et ajuster au mieux ses conditions de paiement. Le problème, c’est qu’à l’export, il est difficile d’accéder aux informations sur les entreprises. La Suisse se montre par exemple très frileuse dans la mise à disposition d’informations financières sur les entreprises. En Chine, l’information n’est pas toujours centralisée. Aux Etats-Unis, les entreprises ne sont pas obligées de publier leurs comptes.
Comment faire pour lever ce frein de l’accès à l’information ? : Il peut être pertinent de solliciter un tiers expert de confiance pour s’informer sur ses clients et prospects. La granularité et la fraîcheur de l’information, c’est ce qu’un assureur-crédit peut offrir à ses clients. Chez Euler Hermes, nous récoltons et analysons l’ensemble des données financières et administratives, mais nous allons plus loin. Nous avons accès à des données privilégiées sur les entreprises, notamment grâce à l’expérience de paiement de nos assurés. Nous suivons au quotidien la santé financière de 80 millions d’entreprises dans le monde entier. Nous sommes implantés dans plus de 50 pays, et disposons de 1 200 experts du risque dédiés à l’analyse de la solvabilité des entreprises. Ces experts sont en contact régulier avec les dirigeants d’entreprises pour faire le point avec eux sur la situation de leur trésorerie, leurs perspectives d’activité et leur stratégie.
Comment accompagnez-vous les entreprises dans leur développement à l’export ? : Nous voulons donner confiance en l’avenir aux entreprises et être partenaire de leur développement à l’export. Pour cela, nous proposons un éventail complet de dispositifs d’assurance-crédit court terme. Ces solutions permettent de protéger la trésorerie des exportateurs au travers de trois services : la prévention, comme détaillé ci-dessus, mais également le recouvrement en cas d’impayés, et l’indemnisation si la récupération n’est pas possible. Nous avons également mis en place une solution pour les exportateurs souhaitant couvrir des opérations ponctuelles à moyen terme contre les risques d’interruption du contrat et d’impayés.