Un développement à l’international maîtrisé nécessite que les entreprises appréhendent correctement les risques auxquels elles s’exposent pour ensuite s’assurer en conséquence. Afin de les accompagner dans cette démarche, Coface a mis en œuvre une organisation spécifique pour récupérer, enrichir et analyser les informations sur les entreprises, où qu’elles se trouvent dans le monde.
Acteur reconnu du marché de l’assurance-crédit depuis plus de 70 ans, Coface dispose d’une forte culture à l’international. La société s’organise ainsi autour d’une présence en propre dans 66 pays et de partenariats dans 100 autres qui lui permettent de proposer des garanties à ses clients dans plus de 200 pays. «Pour gérer au mieux les risques client et arbitrer sur le montant des encours que nous acceptons de couvrir, nous devons nous appuyer sur une base solide d’informations d’entreprises, explique Eric Vaingnedroye, directeur de l’information groupe chez Coface. Nous avons à cet effet bâti une stratégie en la matière qui s’articule autour de trois piliers : l’achat, l’enrichissement et l’analyse des données sur les entreprises.»
Une base d’information reconnue
Pour alimenter sa base sur les entreprises, les entités locales de Coface achètent des données de type rapport de crédit auprès de fournisseurs d’informations du pays dans lequel elles opèrent : D&B aux Etats-Unis et au Canada, Cerved en Italie, Axesor en Espagne, Experian au UK ou encore Schuffa en Allemagne. «En France, nous travaillons notamment avec Ellisphere et accédons également aux données Banque de France pour obtenir des informations non publiques complémentaires et qualitatives», indique Frédérique Costa, directeur du contentieux et de l’information sur l’Europe de l’Ouest pour Coface. L’assureur crédit s’appuie également sur ses propres fournisseurs d’informations d’entreprises en Israël, en Europe centrale, en Afrique de l’Ouest, en Amérique latine ou encore à Hong Kong. «Dans ces zones, nous continuons de produire nous-mêmes de l’information sur les entreprises», précise Eric Vaingnedroye.
Des données enrichies
L’ensemble des données ainsi collectées sont ensuite intégrées dans les systèmes d’information de Coface pour être enrichies par les analystes crédit de l’assureur crédit, répartis dans 49 centres d’informations enrichies (EIC – enhanced information centers). «Ils sont notamment chargés de récupérer des informations au plus près de la source de risque, ajoute Eric Vaingnedroye. A cet effet, ils prennent par exemple contact avec les entreprises ou leur rendent visite pour les interroger sur leur santé financière, l’état de leur carnet de commandes, leurs performances présentes ou à venir, etc.». Une démarche de proximité encore plus poussée en France, où l’assureur crédit est implanté localement dans plusieurs régions. «Nous avons tissé des relations de proximité avec les entreprises et constitué un réseau de contacts locaux qui nous permet de suivre au plus près l’actualité financière des entreprises», précise ainsi Frédérique Costa. Parallèlement, pour décharger ses analystes des tâches récurrentes de moindre valeur ajoutée, Coface dispose également de trois centres de back-office, au Pérou, en Inde et au Maroc, gérant notamment les relances auprès des fournisseurs ainsi que la maintenance et le nettoyage des bases de données. C’est ainsi plus de 450 personnes qui travaillent dans les équipes information du groupe. A partir de ces données enrichies, les analystes crédit déterminent une note de risque interne (de 0 à 10) sur les entreprises et font des recommandations aux arbitres de Coface chargés de fixer les niveaux d’encours qui seront garantis.
Un investissement important
L’information d’entreprise est la base même d’une assurance-crédit performante, c’est pourquoi Coface s’attache à investir constamment dans la recherche et l’analyse des données. L’assureur crédit a ainsi plus que doublé le nombre de ses EIC dans le monde entre 2013 et 2018. Dans le cadre de sa stratégie Fit to Win mise en place en 2016, Coface a également recruté plus de 25 nouveaux collaborateurs venus consolider ses équipes d’analystes crédits locaux. Enfin, l’assureur crédit continue d’investir dans les nouvelles technologies et en particulier dans le machine learning, le big data ou encore le web crawling afin notamment de renforcer davantage l’analyse de ses données.
Ses implantations géographiques, son organisation et ses investissements permettent ainsi à Coface de capitaliser sur l’expertise de ses 4 100 collaborateurs. La richesse et la profondeur des informations qu’il détient sur 70 millions d’entreprises dans le monde ainsi que son évaluation des risques pays et secteurs d’activités accompagnent le développement des entreprises à l’import comme à l’export. «Notre présence dans de nombreux pays contribue à rendre plus fine notre connaissance du tissu économique local et régional, conclut Eric Vaingnedroye. Nous identifions mieux les risques et fragilités des entreprises et les documentons, ce qui nous permet d’expliquer à nos clients les montants des encours que nous couvrons et de mieux sécuriser leur développement à l’international.»
Questions à… Bruno De Moura Fernandes, économiste France, Royaume-Uni et Amérique du Nord chez Coface
Diplômé de l’Université Paris-Dauphine en économie internationale, Bruno De Moura Fernandes a débuté sa carrière au service économique régional de l’ambassade de France en Argentine. Il a ensuite exercé au sein du bureau du diagnostic et des prévisions internationales au ministère de l’Economie et des Finances, avant de rejoindre Coface en 2017.
Quel est l’impact du Brexit sur l’économie britannique ?
Le Brexit a conduit à une dépréciation de la livre sterling de près de 20 % par rapport à l’euro et au dollar entre juin et octobre 2016, entraînant dans son sillage une accélération de l’inflation à environ 3 % au second semestre 2017. Au mois de mars, l’inflation est néanmoins revenue à 2,5 %, alors que la livre sterling est de nouveau appréciée par rapport au dollar, mais également en raison de l’augmentation, en novembre dernier, des taux d’intérêt de la Banque d’Angleterre, une première depuis dix ans.
Comment les Britanniques ont-ils réagi à cette inflation ?
L’inflation a affecté le pouvoir d’achat des ménages britanniques. Pour maintenir leur niveau de consommation, ils ont eu pour premier réflexe de puiser dans leur épargne, dont le taux est ainsi passé de 8 % de leur revenu disponible brut en 2016 à 4 % début 2017. Un taux en deçà duquel ils ne peuvent désormais plus descendre, raison pour laquelle, depuis 2017, la consommation des ménages anglais progresse moins vite.
Quels sont les secteurs d’activité les plus impactés par cette baisse de la consommation des ménages ?
Le secteur de la distribution est particulièrement pénalisé par le contexte du Brexit. La croissance annuelle des ventes au détail (dont les ventes alimentaires) est ainsi passée de plus de 4 % en 2016 à 1 % en moyenne ces six derniers mois. L’automobile, dont la production britannique a diminué de 7 % au premier trimestre par rapport à la même période l’an dernier, a également souffert de cette conjoncture. Il s’agit d’ailleurs de l’un des premiers signes économiques visibles du Brexit : malgré la dynamique du marché automobile en Europe, les exportations britanniques en la matière reculent. Le marché de la construction (particulièrement celui de la construction de locaux commerciaux) est également touché par le Brexit.
Quelles sont les conséquences du Brexit pour les exportateurs français ?
Les entreprises exportatrices françaises pourraient être affectées par la baisse de consommation des ménages britanniques, le ralentissement de l’économie du Royaume-Uni qui commence à s’amorcer et le potentiel rétablissement des droits de douane consécutif au Brexit. Tout dépendra des accords qui encadreront la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pour le moment néanmoins, nos exportateurs sont peu touchés par le Brexit.