Pour être considérée comme « juste », la transition doit non seulement être durable, mais aussi profiter à tous.
En cela, « une gestion équilibrée entre le “E” et le “S” est la clé d’une transition juste », témoigne Céline Nouet, responsable investissements et trésorerie de l’Agirc-Arrco. Head of ESG research d’Axa IM, Virginie Derue partage cet avis. « Une transition juste repose sur la sollicitation de l’ensemble des parties prenantes et sur la gestion de thématiques comme le capital humain et le dialogue social. Le “S”, c’est du transversal. Ce faisant, c’est incontournable. » Dans ce domaine, Axa IM vient par exemple de rejoindre une coalition d’acteurs réunis sous l’égide du FIR pour soutenir la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants partout dans le monde. « Cette initiative vise notamment à décoder la communication des entreprises sur ces sujets », informe Virginie Derue.
Un besoin d’expertise
Pour autant, à l’échelle du marché, on est encore loin de cet équilibre entre le « E » et le « S ». « Dans ce monde de l’ESG où la partie environnementale est largement couverte, le social est aujourd’hui le parent pauvre, regrette Michel Escalera, directeur général de Palatine AM qui, pour pallier cet écueil, a lancé un fonds sur cette thématique. Ce constat tient notamment au fait que, pendant longtemps, on a confondu le solidaire, champ dans lequel la création de valeur financière n’est pas la priorité, avec le social, où performances financière et extra-financière vont de pair. » Pour tendre vers une transition écologique et juste, la stratégie d’investissement doit, selon les intéressés, reposer sur plusieurs prérequis. « Notre mantra, c’est un besoin d’expertise pour une absence de dogmatisme », insiste Virginie Derue. Outre l’importance de la recherche, l’élaboration d’indicateurs pertinents est déterminante. « Nous avons voulu introduire des metrics pour suivre l’emploi durable comme facteur de création de valeur », indique Michel Escalera. Les équipes de Palatine AM en suivent une centaine, comme les créations/destructions d’emplois, la mixité, les mesures mises en œuvre pour la sécurité des salariés sur le lieu de travail, l’emploi jeune et celui de personnes en situation de handicap, ou encore le budget formation. « La formation est le point de départ de l’innovation et de la productivité », est convaincu Michel Escalera.
Mieux intégrer la biodiversité
Enfin, la réussite d’une transition juste implique de prendre en compte la biodiversité, plus de 50 % du PIB mondial dépendant des ressources naturelles, d’après la Banque mondiale. « Or l’intégration des metrics liées à la biodiversité dans les décisions d’investissement est encore limitée », confie Virginie Derue. Mais les choses avancent dans le bon sens. « Ce thème est aujourd’hui au cœur du dialogue avec les entreprises », fait remarquer la responsable de la recherche ESG.