Parole d'expert

La maîtrise du «risque pays», une préoccupation d’actualité pour les exportateurs

Publié le 16 juin 2017 à 15h00    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 11h00

Anne del Pozo

La connaissance et le suivi du «risque pays» sont plus que jamais des prérequis indispensables à la sécurisation du développement des entreprises à l’export. Pour renforcer la visibilité des entreprises sur ces risques, AU Group a développé un nouveau système de notation du «risque pays».

«Les cycles économiques comme la mondialisation s’accélérant, même les grands pays du G7 se sont vus concernés par des problématiques de “risque pays” sur leur propre signature», précise Olivier de La Pontais, en charge du développement des grands comptes internationaux chez AU Group.

Par exemple, les effets en termes de défaillances d’entreprises comme de bouleversements économiques que peuvent générer le Brexit ou le «Trump Effect» inquiètent certains exportateurs. De même, certains importateurs étrangers se sont préoccupés de l’issue possible des élections présidentielles françaises.

Plus classiquement en 2016, certains pays ont concentré l’appréhension des sociétés qui commercent à l’international suite aux déséquilibres inhérents à leur situation politique (comme par exemple en Grèce, en Ukraine, en Turquie et dans les BRICS) ou en raison de leur dépendance économique avec des grands pays impactés par le ralentissement de l’économie (Etats-Unis et Chine). On a ainsi pu constater un accroissement significatif des défaillances d’entreprise en Amérique latine et en Asie.

A cela s’ajoute une importante résurgence des conflits dans le monde ces trois dernières années, sur fond de montées des nationalismes et d’augmentation des insécurités locales (induites, entre autres, par les actes terroristes). Ces facteurs mis bout à bout ne laissent aucun doute sur le fait que le risque pays soit bien une préoccupation d’actualité pour les exportateurs.

«Sur les pays émergents, mais aussi sur les pays plus solides en apparence, il est donc important que les sociétés exportatrices surveillent l’évolution de l’environnement politique et la stabilité des pays dans lesquels leurs clients évoluent, poursuit Olivier de La Pontais. Pour renforcer la visibilité des entreprises sur ces risques, AU Group a développé un nouveau système de notation du “risque pays”, algorithme qui synthétise plusieurs milliers de données issues des assureurs crédit et du FMI.»

Le G-Grade, une note pays pertinente et régulièrement actualisée

Ce nouvel outil, baptisé le «G-Grade», a pour vocation de publier chaque trimestre une note globalisée sur le niveau de risque dans plus de 140 pays. Pour bâtir cette note, AU Group s’appuie sur les évaluations des risques pays des principaux assureurs crédit (Atradius, Coface, Credimundi et Euler Hermes). «Ces acteurs détiennent une vision risque pertinente, car en tant qu’assureurs crédit, ils portent de réels engagements financiers. En effet, en cas d’impayé, il leur revient de verser une indemnité à l’entreprise qui a souscrit auprès d’eux une assurance. C’est pourquoi, à nos yeux, leur évaluation “risque pays” a une vraie valeur», explique Olivier de La Pontais. Afin de contextualiser cette note, AU Group l’enrichit par ailleurs de sept indicateurs clés fournis par le département statistique du FMI : population du pays, taux de croissance du PIB, PIB par habitant, inflation, taux de chômage, dette du pays et déficit courant. A partir de cette note et des statistiques du FMI, AU Group restitue une vision synthétique du risque et de son évolution pour les pays suivis. Les entreprises peuvent visualiser, grâce à un tableau dynamique, la situation d’un pays ainsi que l’évolution de son risque par rapport au trimestre précédent.

Un outil de pilotage pour les DAF et les risk managers

L’idée est ainsi de faire gagner du temps aux décideurs en fournissant en condensé une note simple et unique leur permettant d’aller à l’essentiel. «Grâce au G-Grade, ils disposent d’une vision synthétique sur l’amélioration ou la dégradation du risque sur un pays en particulier, poursuit Olivier de La Pontais. Les données du FMI donnent une profondeur à cette évaluation. Nous constatons d’ailleurs ces derniers mois un engouement d’envergure des corporates pour cet outil (créé il y a deux ans), tant par le trafic généré sur notre site que par les sollicitations des PME, ETI et grands groupes. Ces derniers intègrent désormais le G-Grade dans leur politique de credit management et dans leurs algorithmes, permettant notamment de pondérer leurs créances clients par le risque pays.»

L’intérêt d’une telle démarche demeure ainsi dans l’analyse, le suivi et le contrôle de l’exposition de son portefeuille clients au risque pays. Une fois l’indicateur en place, d’une période à l’autre, l’entreprise peut aisément suivre son amélioration ou sa détérioration et éventuellement prendre des mesures correctives afin de sécuriser son développement à l’international.

«Nous considérons que notre rôle de conseil réside aussi dans la mise à disposition d’outils d’aide à la prise de décision, c’est pourquoi le G-Grade est en téléchargement sur notre site à disposition de nos clients et prospects», conclut Olivier de La Pontais.

Questions à… Jean-Michel Erault, credit & cash manager de la division «construction modulaire», Touax

Jean-Michel Erault est credit & cash manager de la division «construction modulaire» du groupe Touax. Il a pour mission de coordonner et d’optimiser la gestion du BFR ainsi que les processus administratifs et commerciaux liés à l’amélioration du cash.

Pouvez-vous nous présenter la division construction modulaire du groupe Touax ?

Le groupe Touax compte quatre grandes divisions : les conteneurs, la construction modulaire, le wagon fret et les barges. L’activité construction modulaire, qui réalise un chiffre d’affaires monde de 140 millions d’euros, s’articule autour de la location opérationnelle (bungalows de chantiers). Nos clients sont essentiellement des entreprises du BTP, des spécialistes de l’événementiel, l’Etat et les marchés publics. A l’international, nous disposons de filiales en Europe et en Afrique.

Quelle est votre problématique de gestion du risque client à l’international ?

Nous disposons de peu d’éléments financiers sur nos partenaires commerciaux à l’international. Par ailleurs, ces informations sont souvent trop anciennes pour nous accompagner dans la gestion de notre risque client. En effet, nous gérons un BFR de court terme. Nous avons donc besoin de données financières sur nos clients qui soient le plus à jour possible. Nous estimons que seuls les assureurs crédit, qui peuvent mutualiser les demandes d’informations et auprès de qui nous transférons le risque client, sont en mesure de nous apporter cette information, d’en assurer la fiabilité et d’opérer une mise à jour en temps réel.

Pour quelles raisons vous appuyez-vous sur AU Group ?

Avec le courtier AU Group, nous disposons d’une vision globale des principaux assureurs crédit. Sa connaissance du marché et de ses principaux acteurs nous permet de gagner du temps dans les processus de consultation et de choix de l’assureur crédit. Il s’occupe également de toute la partie négociation puis nous aide dans la mise en place des contrats d’assurance crédit, leur adaptation à nos besoins et la rédaction des clauses contractuelles spécifiques. Enfin, AU Group nous accompagne dans le suivi de nos contrats et leur évolution, dès lors qu’elle s’avère indispensable. Nous sommes ainsi assurés de disposer d’une assurance qui réponde en permanence à l’ensemble de nos spécificités métiers.

Quels sont les atouts d’un courtier à l’international ?

Aujourd’hui, nombre de nos clients français travaillent à l’international. Après les avoir assurés crédit sur la France, notre objectif est bien entendu de les suivre à l’export. A cet effet, nous avons besoin de faire évoluer nos contrats d’assurance crédit. Une démarche dans laquelle AU Group, de par sa dimension internationale, est en mesure de nous accompagner.

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