Parvenir à une agriculture régénératrice, tel est l’objectif de l’adaptation des pratiques du secteur agricole au changement climatique. Pour cela, il existe déjà toute une batterie de solutions, la palette d’opportunités d’investissement étant de ce fait relativement large.
Nous investissons sur des chaînes de valeur qui permettent la transition, par exemple en finançant des sociétés qui développent et mettent en place des systèmes de micro-irrigation, qui permettent de limiter le labour du sol ou qui font de la pollinisation et du biocontrôle », explique Laurent-David Charbit, coresponsable de la stratégie de private equity de Tikehau Capital dédiée à l’agriculture régénératrice. « En ce qui nous concerne, le focus principal se fait sur toutes les technologies liées au sol et sur la thématique de la régénération, à travers les secteurs liés à la substitution des engrais chimiques, c’est-à-dire les biostimulants et les biocontrôles », détaille Lionel Artusio, co-fondateur de Zebra Impact Ventures, qui a lancé en novembre dernier avec Mirabaud Asset Management une stratégie de private equity pour embrasser la disruption sur le secteur agricole et sur les systèmes alimentaires. Autre domaine d’intervention pour les fonds de private equity : l’agriculture de précision, et plus spécifiquement la robotique.
Encore faut-il trouver un équilibre dans l’application de ces solutions, tenant également compte de la réalité de terrain et des attentes des agriculteurs, d’une part, et de la réalité économique, d’autre part. De fait, le changement dans les conditions climatiques n’est pas linéaire, ce qui oblige à des adaptations constantes et implique donc de donner accès à un panel large d’outils. En outre, il est nécessaire de faire coexister différents modèles d’agriculture pour répondre à l’ensemble des demandes des consommateurs (des produits labellisés ou bio aux produits plus basiques à moindre coût). « Je crois assez peu au grand soir entre l’innovation et l’agriculture, il faut déjà travailler sur des petits matins qui chantent, admet Lionel Artusio. Notre ambition est que la dichotomie entre le monde financier et le monde agricole soit la plus faible possible, en travaillant à des disruptions raisonnées, qui marchent au niveau du sol et qui, pour nous en tant qu’investisseurs qui recherchons un retour financier, doivent également faire écho à des stratégies de grands groupes industriels, qui valident les technologies dans lesquelles nous investissons. »